MONEY – Suicide Songs

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L’univers que dépeint MONEY n’est pas des plus roses, ça c’est sur. Mais il n’empêche pas d’être grandiose pour autant, la preuve avec leur premier album The Shadow Of Heaven en 2013 acclamé par les critiques et les fans. Alors forcément, lorsque la bande à Jamie Lee revient avec le tristement nommé Suicide Songs, on a hâte de savoir ce que le trio de Manchester nous a proposé.

Ici, la pochette de Suicide Songs donne le ton (pessimiste) de l’album: Jamie Lee qui pose les yeux fermés avec un couteau planté sur son front. Il déclare à ce sujet:« J’ai voulu que l’album semble venir d’outre-tombe, d’où ces chansons ont émergé. L’album est sombre et morbide, et ne s’en défait pas. Je me retrouve là-dedans. » S’agit-il vraiment d’un disque hyper-badant ? Pas tout à fait. Le premier titre « I Am The Lord » (titre plutôt ironique quand on sait qu’ils ont composé un titre blasphématoire intitulé « God Is Dead » trois ans plus tôt) efface nos craintes: si les textes ne sont pas des plus optimistes, la musique en revanche paraît lumineuse et solaire. Pendant 6 minutes, on se laisse bercer par son ambiance exotique, pour ne pas dire orientale avec ses dilrubas et la voix pleine de grace de Jamie Lee qui fait le reste.

L’accessibilité et la magie des compositions seront confirmées par la suite avec les magiques « I’m Not Here », « You Look Like A Sad Painting On Both Sides Of The Sky », les magnifiques violons d' »I’ll Be The Night » et autres « Hopeless World » qui font penser aux grands moments de l’album Storm In Heaven de The Verve. Mais là où MONEY atteint la perfection, ce sont sur des titres plus longs comme le glorieux « Night Came » avec sa montée épique donnant la chair de poule ainsi que l’enchanteur « All My Life » avec ses chœurs gospel. Sans compter bien sûr le songwriting brillant de Jamie Lee avec ses textes fatalistes mais poétiques sur la vie, la mort et les luttes quotidiennes qui contrastent bien autant avec l’ambiance générale de Suicide Songs qui se conclut avec la sublime ballade au piano « A Cocaine Christmas and an Alcoholic’s New Year » avant que n’arrive les cuivres funestes mais glorieux pour donner une dimension plus grandiloquente.

Voilà donc pour ce second album de MONEY tout aussi réussi et bouleversant que son prédécesseur. Si les textes sont les plus pessimistes, brutaux mais réalistes que Jamie Lee ait pu écrire, l’ambiance générale est nuancée par ses arrangements lumineux et émouvants perçus comme un rayon de soleil du disque.Les contrastes sont réussis et saisissants et on est touché par la beauté obscure de ce disque.

Note: 9/10