« Tout s’achète. L’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. L’homme est un produit comme les autres, avec une date limite de vente. Je suis publicitaire, je suis de ceux qui vous font rêver les choses que vous n’aurez jamais. Ciel toujours bleu, nanas jamais moches, bonheur parfait et retouché sur Photoshop. Vous croyez que j’embellis le monde ? Perdu, je le bousille. Tout est provisoire. L’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. »
C’était plus fort que moi de commencer cette chronique en mettant cette citation de Jean Dujardin du film 99 Francs. Et pourtant, on retrouve bien cette thématique sur le nouvel album de Santigold, intitulé 99 Cents. Ici, la new-yorkaise dénonce cette société consumériste et se bat pour ne pas devenir un vulgaire objet de consommation. Il suffit d’écouter les textes dénonciateurs de « Banshee » et de « Walking In A Circle » qui critiquent l’individu assoiffé par l’argent sans se soucier du côté éthique. C’est clair, ça dénonce mais elle fait preuve d’une certaine lucidité.
Côté musical, Santigold reste égale à elle-même avec toujours ce mélange d’électro, de hip-hop, de new wave et autres sonorités 80’s-90’s. En laissant définitivement les aspects dub et reggae fusion de ses prédécesseurs, elle s’affirme de plus en plus dans un registre plus pop avec le titre d’ouverture groovy « Can’t Get Enough Of Myself » avec B.C. ou l’électro effréné de « Banshee » et de « Rendezvous Girl » qui déménagent bien et qui prouve que l’artiste n’a pas perdu son côté excentrique. Exit Diplo et Switch mais bienvenue à l’ex-Vampire Weekend Rostam Batmanglij qui signe pas mal de productions, notamment le missile trap « Big Boss Big Time Big Business » où Santi se la joue bling-bling mais aussi le single « Chasing Shadows ». Et quelle bonne idée de partager le micro avec iLoveMakonnen sur le titre R&B « Who Be Lovin Me » à la production actuelle mais ô combien légère et moelleuse. Mais là où Santigold impressionne le plus, c’est qu’elle dévoile sa facette la plus sombre sur les ténébreux « Outside The War » et « Run The Races », toutes deux signées Batmanglij.
Et après ? Ben je crois que c’est tout au fait. Je n’ai presque rien à ajouter… Quoique si. Contrairement à ses prédécesseurs où elle était totalement en avance sur la concurrence, sur 99 Cents, elle peine un peu à donner un souffle nouveau. Ce qu’il n’empêche pas à Santigold de rester créative pour autant avec sa pop multicolore et ultra-sophistiquée. Car avant tout, « créatif, c’est pas un boulot si facile. C’est aussi pour ça qu’on est si bien payés, pour nous faire taire ». BOUM ! J’ai toujours kiffé cette punchline.
Note: 7/10