Mogwai – Atomic

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La musique de Mogwai est totalement cinématographique et ce n’est plus un secret pour personne maintenant. Nul ne peut nier que les bandes-originales du documentaire Zidane en 2006 et de la série française Les Revenants en 2013 furent des monuments qui vont au-delà de la musique. Cela dit, le post-rock des Ecossais séduit de plus en plus de réalisateurs et autres, à un tel point qu’ils remettent le couvert avec une nouvelle bande-originale pour le documentaire Atomic qui fut diffusé sur la BBC. Prêts à embarquer ?

Après un huitième album Rave Tapes en 2014 (année marquant les 20 ans du groupe) et un inventaire du groupe Central Belters l’année dernière, Mogwai continue sur sa lancée avec un nouveau projet musical bien ambitieux. C’est aussi le premier album composé à quatre car le légendaire guitariste John Cummings a quitté le groupe fin 2015 après plus de 20 ans de bons et loyaux services. Et ce n’est pas parce qu’ils se voient amputés d’un membre qu’ils ont perdu la fougue pour autant. Au contraire, sur Atomic qui relate les 70 ans des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et ses conséquences pour l’humanité, Stuart Braithwaite et sa clique activent leur nouvelle frappe nucléaire. Le premier titre « Ether » ouvre le bal et débute avec une mélodie jouée aux claviers avant que les cuivres et section rythmique viennent s’implanter pour une entrée en matière majestueuse avant… la première explosion sonore avec ses guitares qu’on se prend dans la figure. Les loops électroniques robotiques et obsédantes de « SCRAM » et les nappes synthétiques saturées et radioactives de « Bitterness Centrifuge » prolongent (subliment même) le côté froid et inquiétant du documentaire. Pire, il peut prendre une tournure post-apocalyptique notamment sur l’oppressant « Pripyat ».

On le savait depuis un bon bout de temps mais il est important de le rappeler mais la musique de Mogwai se fait de plus en plus électronique, cela s’est confirmé avec Rave Tapes et ils le prouvent encore sur Atomic. Le voyage spatial « U-235 » aux sonorités rétro-futuristes ainsi que « Weak Force » avec son dialogue claviers/piano sont de parfaits exemples de cette mutation. Toutefois, ils n’ont pas perdu leur recette classique pour autant, et c’est vers la fin du disque qu’on est vraiment servi. « Little Boy » (nom donné pour l’habillage de la phase de recherche autour de la bombe A) fait revenir les guitares et le schéma progressif mogwaïen au premier plan, « Are You A Dancer ? » baigne dans une profonde mélancolie avec ses cordes vibrantes sans oublier bien sûr le post-rock plus traditionnel « Tzar » avec un début calme au piano soutenu par des grésillements qui prend de l’ampleur avant de connaître une explosion monumentale et intense. Un peu comme si la bombe nucléaire a été lâchée sur le monde au moment où l’on s’attendait le moins et ce n’est qu’avec le dernier titre « Fat Man » que l’on fait le triste constat. Savoir qu’il ne restera plus rien, que l’Humanité connaîtra un lourd bouleversement, sublimé par ses sordides notes de piano. Une fin d’album des plus touchantes et des pessimistes à souligner.

Nouvel album ou nouvelle bande-originale ? Un peu des deux au fait. Mais toujours est-il que Mogwai atteint de nouveaux sommets avec Atomic, quitte à faire pâlir de jalousie un certain Hans Zimmer. Flirtant de plus en plus avec la musique électronique, cette nouvelle oeuvre musicale poursuit la claque du documentaire réaliste mais pourtant pessimiste. Intéressant de savoir jusqu’où les Ecossais pourront aller.

Note: 8.5/10