Qu’on le veuille ou non, Thomas Cohen est un people. L’ex-leader du groupe feu S.C.U.M. avec qui il a publié un seul album Again Into Eyes en 2011 (assassiné par la critique) a connu une idylle parfaite avec la célèbre top-model britannique Peaches Geldof à cette même période. Mais cette idylle ne durera pas longtemps car la belle succombera à une surdose d’héroïne en 2014 laissant le pauvre Thomas Cohen seul au monde avec ses deux fils. Après avoir fait son deuil, le londonien nous présente son disque de rédemption intitulé Bloom Forever enregistré en grande partie en Islande.
Loin du son post-punk de feu S.C.U.M., il change de registre et cela lui convient parfaitement sur ce premier album solo. Le Londonien s’aventure dans des territoires folk et country des années 1970 et cela s’entend sur la sublime ballade d’ouverture « Honeymoon » avec son solo de saxophone distordu en plein milieu de morceau ainsi que sur le titre éponyme jovial et aérien composé le jour de la naissance de son premier fils. Thomas Cohen nous interpelle directement en nous partageant ses souvenirs heureux en présence de sa défunte épouse et c’est ce qui rend cet opus incroyable.
Plus on avance dans l’opus et plus les influences 70’s se font ressentir, notamment sur l’enjoué « Morning Fall » et l’entraînant « Hazy Shades » aux airs d' »A Horse With No Name » d’America. La pièce centrale plus mélancolique « Country Home », quant à elle, est plus contemplative car on y entend enfin un Thomas Cohen qui nous dévoile enfin son ressenti face à ce drame: « My love is gone, she’d turned so cold/Why weren’t her eyes covered and closed ? » . Sans doute le moment le plus touchant de l’opus. Après cette introspection vient l’incisif « Ain’t Gonna Be No Rain » et la psychédélique « New Morning Comes » où ses enfants sont la principale raison pour lui de baisser les bras face à l’adversité. La fin de l’opus n’est pas en reste non plus avec le piano larmoyant d' »Only Us » où Cohen se remémore de l’alchimie qu’il avait avec Peaches autrefois ainsi que le final « Mother Mary » sonnant comme un retour brut à la réalité tout en nous promettant de garder tout ce qu’il avait perdu à l’intérieur de lui. Et plus on avance, plus on se laisse emporter par cette symphonie chaotique de synthétiseurs qui ravagent tout sur leur passage. Un pur moment de noblesse comme ça, c’est rare.
Inutile de vous préciser que Bloom Forever est un très très bel album sacrément touchant et sophistiqué. Thomas Cohen a mis en musique ses deux dernières années particulièrement difficiles afin de nous surprendre et de nous toucher. Ce premier opus fait office de thérapie si l’on prend en considération les arrangements et compositions post-folk d’excellente facture aux passages instrumentaux complètement généreux. Un autre must de cette année.
Note: 10/10