« Est-ce que tu vas parler d’Eagles Gift un jour ? » m’a-t-on demandé par mail il y a une dizaine de jours maintenant. Et pour être honnête, je ne connaissais pas bien ce groupe angevin avant que l’on commençait à me parler d’eux il y a un mois avant, si ce n’est qu’il est formé par Romain Lejeune (The Blind Suns, Scarlet…) et qu’il fut la révélation de l’Austin Psych Fest et de Levitation. Donc, je me suis penché sur le cas et écouté leur discographie qui est, ma foi, prometteuse et du coup, je vais toucher deux mots sur ce fabuleux second album An Astral Journey, produit par Brett Orisson (The Black Angels, Wall Of Death).
Le groupe nous pratique un rock psychédélique pétillant et acide frôlant le désert californien. Un peu comme si Allah-Las fréquentait Black Rebel Motorcycle Club ou les trop sous-estimés Black Angels, vous voyez le genre ? Et c’est un peu ce qui nous attend avec le successeur éponyme paru en 2014 avec une introduction instrumentale de tonnerre nommée « Awakening » qui frôle le post-rock cinématographique de Mogwai où l’on doit attendre pour entendre ses fameux vrombissements de guitare remplissant le volume sonore. Et c’est bel et bien parti pour un tour avec des trips psychédéliques à gogo comme les expéditifs « Pretend To Be Dead » et « Nightwalker » où les reverbs, les disto, la fuzz et l’écho dans les voix sont les principaux leitmotivs de l’opus. Qu’il est bon de planer comme sur « Say It Again » et autres « Morning Anxiety » ou même de plonger dans les bas fonds avec les morceaux complètement enfumés du quasi-cauchemardesque « Nightwalker » car Eagles Gift sait comment emmener les auditeurs dans son desert trip bien chamanique.
Et le groupe d’Angers est sacrément ambitieux, à ce sujet car la fin du disque verra naître deux chefs-d’oeuvre. Le premier s’intitule « Pythia In The Barn » et pendant 7 minutes, le groupe se lâche dans un défouloir noisy pendant un bon bout de temps avant de laisser place à une partie hyper calme et aérienne à des harmonies vocales qui nous hypnotisent. Et pendant presque toute la chanson, on est submergé par des notes de sitar et de la voix féminine donnant l’impression de crier à l’aide et on reste impassible face à son « appel ». Et quand on s’y attend le moins, le bruit reprend le dessus et on se prend un final des plus rudes dans les oreilles. Après la tempête revient le calme avec le final bien avant-gardiste du nom de « Another Earth » où l’on frôle la musique drone avec ses sonorités bizarres. Mais vers la fin du morceau, des notes de guitare acoustique et de clavier se font entendre et reviennent au premier plan, un peu comme pour signaler la descente sur Terre.
Il n’y a pas de doute qu’Eagles Gift soit un des groupes les plus créatifs en matière de rock psychédélique. Avec An Astral Journey, nous voilà embarqué dans une odyssée musicale qui aurait fait mouche dans les années 1970 où ce courant musical faisait fureur. Encore une fois, Romain Lejeune et ses acolytes ont frappé fort et nous entraînent dans un univers irréel où toute dimension devient floue, labyrinthique où il n’y a aucune échappatoire.
Note: 8/10