Ces chers Aquaserge, alors que l’on pensait qu’on entendrait plus parler d’eux pendant un bon moment, à cause des carrières solo des membres comme Barbagallo qui a signé deux albums (chroniqués ici et ici) et Julien Gasc (chroniqué ici). Mais pourtant, le groupe toulousain a effectué son come-back en septembre dernier avec un EP annonçant leur vrai retour pour ce mois de février. Laisse ça être paraît enfin dans les bacs et nous pouvons enfin savourer cet événement musical.
Et avant toute chose, permettez-moi de préciser que ça va déménager avec eux et qu’il va falloir s’accrocher. Aquaserge ne fait jamais dans le traditionnel avec le jazz extrêmement groovy « Tour du monde » comprenant ses chants déjantés que n’auraient reniés Animal Collective. Suite à cela arrive l’instrumental cosmique « Virage Sud » avec une ligne de basse des plus joueuses et malicieuses, ses claviers spatiaux et ses changements de rythme incessants et le complètement décalé « Tintin on est bien mon loulou » où l’on passage du rock’n’roll bien brut et des ponts jazzy à sept temps à la Jaga Jazzist.
On ne peut pas faire plus atypique qu’Aquaserge et pourtant. Laisse ça être fait un grand écart entre chanson française, envolées jazzy et rock complètement barré et n’épargne rien sur des morceaux comme « Si loin, si proche » et le trop décalé « C’est pas tout mais » avec ses ambiances dignes d’un OSS 117. Il n’y a aucun répit même sur les pistes faussement calmes du très Gainsbourg « L’ire est au rendez-vous » où l’on passe de folk psychédélique lancinant à des sursauts jazzy plus dynamiques. On se laissera emporter par l’instrumental cinématographique de « Charme d’Orient » où le groupe toulousain ose défier d’autres groupes comme Forever Pavot sur leur propre terrain de jeu ainsi que le rythme ternaire jazzy de « Les Yeux Fermés » qui clôture l’opus d’une manière très classe avec un coda des plus incroyables.
Trois ans après leur épopée psychédélique qu’était A l’amitié, Aquaserge se réinvente quitte à dérouter une partie des aficionados mais reste tout à fait droit dans leur trajectoire. Aussi bien avant-gardiste qu’anachronique, Laisse ça être aurait pu faire office d’un film d’espionnage contemporain.
Note: 7/10