Chinese Man – Shikantaza

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Plus besoin de présenter le label Chinese Man Records et ses créateurs, maintenant que vous connaissez leur parcours. La crew marseillaise a publié trois Groove Sessions et un véritable album solo Racing With The Sun en 2011 qui était un de nos classiques de l’année. Dès lors, plusieurs artistes du roster ont présenté leur univers sans oublier le motto du label: Deluxe, Scratch Bandits Crew, Tumi, Taiwan MC, etc… Six ans après leur premier album, Chinese Man présente enfin son second album Shikantaza.

Zé Mateo, SLY et High Ku ont composé ce nouvel album entre Marseille, Bombay et le repère ardéchois du collectif. Shikantaza qui signifie « être assis sans rien faire » selon une école de bouddhisme zen sōtō est, selon eux, « une invitation au lâcher prise, à saisir le moment présent, un chemin vers l’éveil qu’il appartient à chacun d’emprunter ». Et aussitôt dit aussitôt fait, on lâche prise avec le morceau-titre exotique avec les notes de gamelan, ses chants venus d’ailleurs et ses percussions envoûtantes sans oublier les sonorités hip-hop qui ont fait la réputation des Marseillais. Et on a également d’autres surprises en réserve, à commencer par « Maläd » qui débute par un monologue d’Alejandro Jodorosky avant de nous emmener sur les dunes avec ses percussions endiablés et ses scratchs savoureux, le génial « Step Back » montre qu’ils savent mélanger flamenco, tango, hip-hop et électro en même temps mais aussi avec « Escape » comportant un orgue trippy qui est accompagné par des breakbeats plus agressifs et des scratchs survoltés. Le métissage musical selon Chinese Man, tout simplement.

Tandis que l’on note l’absence totale de certaines personnes (comprenez ici Deluxe et Tumi), un projet de Chinese Man n’est rien sans ses guests. On peut compter sur la présence du duo hip-hop canadien ASM sur les bangers efficaces du fluté « The New Crown » avec le rappeur underground A-F-R-O, des MCs inconnus du nom de Vinnie Dewayne, Myke Bogan et Tre Redeau sur le terrible posse-cut « What You Need » mais aussi le légendaire R.A. The Rugged Man qui cible ce trou du cul de Donald Trump avec son couplet incendiaire de « Modern Slave » aux violoncelles et cymbales qui claquent. Bien évidemment, on a les habitués comme le très attendu Taiwan MC qui pose un couplet sur « The New Crown » mais aussi sur le titre raggamuffin/hip-hop/dub « Blah ! » avec (l’autre habitué) Youthstar et Illaman. Mais il n’y a pas que du hip-hop et du dub durant ce Shikantaza. On y décèle des inspirations nu-jazz avec Mariama qui vient ajouter une touche d’élégance sur « Stone Cold » qui ferait pâlir de jalousie les Bajka de compagnie. N’oublions pas non plus le titre groovy et zen par excellence intitulé « Liar » avec la diva Kendra Morris et le rappeur Dillon Cooper qui synthétise à lui seul l’ambiance général de ce nouvel album.

On retrouve le Chinese Man pur jus avec des instrumentaux aux samples raffinés à la Wax Tailor comme « Golden Age » et « L’Aurore » et les plus mélancoliques « Anvoyé » aux accents afro et « Good Night ». Pour faire court, le melting-pot musical qu’est Shikantaza est une parfaite suite à Racing With The Sun six ans plus tôt avec une ambition encore plus poussée qu’auparavant. Le titre est bien choisi car en restant immobile et en restant assis sans rien faire, on a l’impression de traverser tous les continents avec leurs compositions colorées et entraînantes, même si on regrette quelque peu le côté foufou des premières Groove Sessions.

Note: 7/10