Si il y a bien un groupe qui s’est fait attendre pour cette année, c’est bel et bien Frànçois & The Atlas Mountains. Auteurs de deux disques considérés comme classiques – l’envoûtant E Volo Love en 2011 et le romantique Piano Ombre en 2014 – il était temps pour le Charentais Frànçois Marry et ses nouveaux membres (oui parce qu’il aime changer son line-up comme il le souhaite) de revenir le plus rapidement possible. Et bien, trois ans plus tard, les voici de retour avec un nouvel album bien politique du nom de Solide Mirage, toujours produit par Ash Workman (Metronomy, Cœur de Pirate, Christine & The Queens…).
Fini les Frànçois & The Atlas Mountains attendrissants, poétiques et romantiques des albums précédents, le goupe français hausse désormais le ton et prêt à casser des bouches. En quelques sortes. Enregistré dans le sinistre quartier de Molenbleek, le Charentais a décidé d’étudier la question politique en vue des attentats qui ont touché le sol français en 2015-2016. Le premier titre « Le Grand Dérèglement » témoigne de ce changement avec ses riffs de guitare plus musclées et sa mélodie toujours afro qui font mouche avec toujours la voix et les textes de Frànçois Marry qui visent juste à chaque fois. Il est suivi des plus mélodiques « Tendre est l’âme » et « 1982 »qui établissent un lien entre pop anglo-saxonne et hexagonale.
On retrouve bien entendu les inspirations ouest-africaines sur « Apocalypse à Ipsos » et « 100 000 000 » qui ont fait leur renommée mais également quelques surprises à travers ce Solide Mirage qui pourraient faire lever les sourcils. Pour bien accentuer leur coup de gueule politique, Frànçois & The Atlas Mountains n’hésite pas à se lancer dans un mélange de shoegaze et de punk-rock sur l’agressif « Bête Morcelée » où entendre Frànçois Marry gueuler est une expérience à faire au moins une fois dans sa vie. Ils virent même à l’électronique sur l’étrange « Âpres Après » afin de critiquer ceux qui espèrent que le monde puisse se reposer sur ses bases fondatrices et de ne jamais évoluer. Voilà donc pour ses exercices de style. N’oublions pas non plus les conventionnels mais géniaux « Jamais deux pareils », « Perpétuel Eté » ainsi que l’incroyable conclusion de « Rentes Ecloses » qui clôturent ce nouvel opus sur les chapeaux de roue.
Ceux qui espéraient entendre des « Soyons les plus, soyons les plus beaux » ou des « La vérité en vérité, en vérité la vérité, tu ne la connais pas bis » seront désorientés par ce tournant engagé et militant mais seront vite rattrapés par les compositions colorées et percutantes du groupe. Entendre le caractère trempé de Frànçois & The Atlas Mountains, voilà quelque chose auquel on s’attendait le moins mais pourtant, ça vaut le détour tant il dresse un portrait parfait d’un solide mirage actuel en musique.
Note: 8/10