Après cinq années de silence radio, Grizzly Bear est enfin de retour. Et il était temps ! Le quatuor indie rock de Brooklyn avait frappé très fort avec leurs trois albums désormais mythiques Yellow House (2006), Veckatimest (2009) et Shields (2012). Mais après une longue et éprouvante tournée mondiale, les quatre larrons ont décidé de ne plus se parler pendant un an afin de vivre chacun leur vie avant de se retrouver et de frapper un bon coup avec leur nouvel opus Painted Ruins, leur premier opus chez RCA/Sony après tant d’années chez le label Warp.
Annoncé comme étant leur album le plus sonique à ce jour, Painted Ruins reprend plutôt là où s’est arrêté Grizzly Bear avec Shields. Cependant, Ed Droste, Daniel Rossen et ses deux autres compères ont vécu pas mal de choses (divorce, paternité, résidence à Los Angeles, mais aussi leur soutien des plus infaillibles au malheureux candidat Bernie Sanders) et décident de le raconter en musique à travers des mélodies sinueuses et solennels à l’image de l’ouverture faussement féérique et lounge de « Wasted Acres ». Encore une fois, Droste/Rossen se fait un passe-passe de micros à travers des titres bien surprenants comme les très simplistes « Mourning Sound » et « Four Cypresses » rappelant les ambiances de Department of Eagles mais également le luxurieux « Three Rings ».
Alternant des contrées sombres avec le très rock « Aquarian » faisant à leur plus grande influence de tous les temps qu’est un certain quintet d’Oxford ainsi que le touchant « Glass Hillside » et des contrées plus lumineuses avec les sonorités 70’s de « Cut-Out » où encore notre tandem préféré se passe le mic de façon très fluide mais également « Losing All Sense ». Et vous avez entendu que Chris Taylor, bassiste et producteur du groupe, a enfin décidé de pousser la chansonnette sur la magnifique et mélancolique « Systole » ? C’est dire qu’il se débrouille à merveille dans son rôle de songwriter. Grizzly Bear continue son bonhomme de chemin en s’appropriant le chaos hantant leur mentalité afin de mieux le reconstruire de façon nette et cela s’entend parfaitement sur la conclusion nommée « Sky Took Hold » qui est certes pas du même acabit de l’intense « Sun In Your Eyes » ou du larmoyant « Foreground » des albums précédents, mais qui mérite d’être souligné.
Avec ses trois précédents chefs-d’oeuvre, il était dur de se surpasser pour Grizzly Bear. Toutefois, Painted Ruins moins baroque qu’auparavant permet de montrer un groupe en parfaite symbiose alternant l’apaisement et les coups de sang. A travers leur art-rock expérimental intrigant et cinématographique, les new-yorkais continuent à nous impressionner à travers leur mur du son toujours aussi sineux et flamboyant.
Note: 8/10