Depuis que Mount Kimbie a débarqué en ce début de décennie avec leur premier album Crooks & Lovers, on a misé tous nos espoirs sur eux. Le duo londonien était un peu les ambassadeurs du courant post-dubstep, un courant qu’il défendait encore corps et âme sur leur album suivant Cold Spring Fault Less Youth trois ans plus tard, en 2013. Après quatre ans de silence et après avoir dominé la NTS Radio tous les mardis, les voici de retour en chair et en os avec leur troisième disque Love What Survives qui a de quoi penser que c’est définitivement leur meilleur.
Ça faisait donc quatre ans et un jour qu’on était sans nouvelles du tandem londonien Kai Campos et Dominic Maker comme ils l’affirment sur le titre d’ouverture instrumental « Four Days And A Day ». En fait, le morceau possède un autre sens et fait plutôt référence aux lois de naturalisation américaines et très vite, l’ambiance alarmiste et martial est parfaitement implantée. Et très vite, on sent que Mount Kimbie a délaissé les sonorités electronica et « post-dubstep » pour aller chercher du côté du post-punk et du krautrock, notamment sur le très goth « Audition » mais également sur « SP12 Beat » et l’oppressant « Delta » mettant en avant les Korg MS-20 et Delta qui priment sur tout l’album.
Cette mutation musicale n’est rien sans ses invités non plus, à commencer par le chant punk désabusé et anarchiste du talentueux King Krule frôlant feu Joe Strummer sur le très dense « Blue Train Lines » sans oublier Micachu qui brille sur la pop exotique de « Marilyn » sans oublier Andrea Balency qui rend un hommage implicite à Stereolab sur l’emballant « You Look Certain (I’m Not So Sure) ». D’ailleurs, c’est pas la voix de Damon Albarn que l’on entend sur l’avant-dernier morceau « T.A.M.E.D. » (acronyme de « think about me everyday ») ? Tandis que je cherche à éclaircir le mystère, James Blake répond présent sur deux magnifiques titres que sont le très soulful « We Go Home Together » aux nappes synthétiques chaleureuses ainsi que le dernier morceau tout en émotions qu’est « How We Got By » avec son piano épuré. Que ça sent bon ce parfum de retrouvailles.
En définitive, Mount Kimbie continue à creuser les sillons surtout avec leur troisième album aussi bien impulsif que sensible. S’éloignant de l’univers musical de Boards of Canada, Four Tet et autres Burial pour aller rejoindre ceux de The Cure et autres Joy Division, le duo londonien sait comment déchaîner les passions avec un Love What Survives intelligent et complètement sincère.
Note: 9/10