Jake Bugg – Hearts That Strain

En l’espace de trois albums entre 2012 et 2016, Jake Bugg continue de tracer sa route. Personne ne peut nier qu’il est en passe d’incarner le visage du rock britannique de cette décennie en raison de ses mélodies implacables et de sa voix nasillarde reconnaissable entre mille. Après nous avoir un peu décontenancé avec son On My One l’année dernière (chroniqué ici, parce que bon il n’était pas très mémorable ce disque), il tente de se remettre sur le droit chemin avec son quatrième (déjà ???) album nommé Hearts That Strain.

Ici, plus d’autoproduction, cette fois-ci, c’est Dan Auerbach de The Black Keys, Matt Sweeney et David Ferguson qui officient derrière les manettes et qui se chargent de diriger le jeune lad de Nottingham. Les producteurs américains apportent leur expertise pour emmener Jake Bugg sur les traces de l’Americana tout au long de ce road-trip musical nostalgique qu’est Hearts That Strain. On y croise du Bob Dylan (pas nouveau), du Johnny Cash et d’autres actes à travers des ballades mélancoliques à l’image de « How Soon The Dawn » et « Southern Rain ».

Parcourant les routes de l’Amérique profonde, il ne laisse aucun répit à l’auditeur et il ne fait aucun doute qu’il est doué pour ça notamment en écoutant le single « In The Event Of My Demise » où il opte pour une voix plus aiguë que d’habitude. N’oublions pas non plus cette touche de blues avec « Waiting » chanté aux côtés de Noah Cyrus (la petite sœur de la trop sulfureuse et fausse-twerkeuse de vous savez qui) qui, elle, apporte une touche de jazz quelque peu kitsch mais bienvenu. Pour le reste, il peut se contenter d’affirmer son côté mélomane comme bon lui semble à travers des morceaux savamment orchestrés comme « Man On Stage » et « Bigger Lover » qui contrastent à d’autres on ne peut plus pêchu tout en restant dans le registre folk-rock avec « I Can Burn Alone » et « Indigo Blues » avant de retomber dans le spleen profond sur le dernier morceau « Every Colour In The World ».

Alors, que les choses soient claires: ce Hearts That Strain a permis de remettre Jake Bugg sur les bons rails après les expérimentations hasardeuses de son prédécesseur. Ceci dit, il n’a toujours pas atteint les sommets de son premier album en raison de sa production un peu trop grandiloquente par moments qui est un peu sa référence et on est toujours dans l’attente de son véritable classique que l’on retiendra pendant un bon bout de temps. Quoi qu’il en soit, le prodige de Nottingham est à nouveau à l’aise dans sa zone de confort et peut se vanter d’avoir une discographie pour le moins exemplaire.

Note: 8/10