Je pense qu’il n’y a plus rien à redire sur Charlotte Gainsbourg mais alors rien du tout à signaler. Le seul truc que je rajouterai est simplement le fait que chaque album de la fille du défunt Serge est toujours un « grand » événement dans la musique, sans compter que cela fait depuis 2011 qu’on était sans nouvelles discographiques de sa part. Six ans plus tard, elle revient en forme avec son nouveau disque intitulé Rest qui est loin d’être du repos.
Après Air, Jarvis Cocker et Beck, voilà que SebastiAn est prêt à louer ses services pour la production. L’enfant terrible du label Ed Banger a tout de même collaboré avec Frank Ocean et Philippe Katerine et il n’est bien évidemment pas seul car on retrouve dans le casting des musiciens Emile Sornin, que vous connaissez tous avec son groupe Forever Pavot, Vincent Taegler à la batterie, Guy-Manuel de Homem-Christo, moitié des Daft Punk, et même sir Paul McCartney en personne qui lui signe une chanson ! Avec ce beau monde, on se doit de dire que Rest soit phénoménal, c’est bien le cas.
Pour ce nouveau disque, Charlotte Gainsbourg retrace son deuil qu’elle a dû faire suite au décès de sa demie-sœur Kate Barry qui fut une photographe britannique. Un coup dur pour notre Charlotte quand on sait qu’il lui a fallu du temps pour se remettre de la mort de son mythique père. Elle a ainsi mis en musique son deuil sous fond de pop française des années 1960-1970 résolument rétro et doucement psychédélique avec des titres teintés d’une douce mélancolie et nostalgie comme « Ring-a-Ring o’ Roses », « Kate » ou encore « Deadly Valentine » où elle alterne français et anglais sans souci. La production rétro de SebastiAn assistée de Danger Mouse (calmez vous, il n’est crédité qu’en tant que production vocale additionnelle sur quatre titres) a de quoi mettre en valeur les contes intimistes et poignantes de notre hôtesse qui revisite le moment où elle avait vu son père décédé quand elle n’avait que 19 ans sur « Lying With You » ou encore sur « Rest », seul titre signé Guy-Manuel de Home-Christo et sur « Songbird In A Cage » écrit et composé par Paul McCartney.
Tantôt envoûtant (« I’m A Lie », « Dans vos airs », « Les crocodiles ») tantôt enjoué mais décalé (les allures disco rétro de « Sylvie Says » et de « Les Crocodiles »), Charlotte Gainsbourg signe une oeuvre pleine de sincérité touchante avec un Rest qui donne la chair de poule à chaque écoute. A l’heure où de jeunes prétendantes tentent de dominer sur la scène féminine actuelle (Clara Luciani, Juliette Armanet, Laure Briard, Fishbach…), elle reste tout de même fidèle à son parcours et prouve qu’elle a encore pas mal de choses à travers cette oeuvre musicale aussi bien poignante que nostalgique montrant une femme plus humaniste qu’auparavant.
Note: 9/10