Jenny Wilson – Exorcism

Plus généralement, lorsqu’une femme est victime d’un viol, le plus dur n’est pas l’acte mais aussi le fait de porter plainte ou d’en parler à quelqu’un. Car la plupart des réactions se résume à des conneries du genre: « En même temps, t’as vu comment tu t’es habillée, tu lui as envoyé des signes inconsciemment au mec donc ne t’étonne pas ! ». Mais une personne qui a eu l’audace de parler de cette expérience douloureuse, c’est la chanteuse suédoise Jenny Wilson à travers son nouvel album intitulé Exorcism.

Ici, elle raconte comment elle a été victime d’un viol lors d’une soirée un peu trop arrosée il y a deux ans de cela. Et pour mieux se débarrasser de cette souffrance et de la violence de cet acte, elle préfère le mettre en musique au lieu de porter plainte à un commissariat proche. Bien entendu, le résultat est bien brut mais permet à ce que l’auditeur soit le spectateur de cette situation bien glauque mise en oeuvre sur l’introduction « Rapin ». C’est à coup de synthés intergalactiques et de sursauts rythmiques que Jenny Wilson tentera de cicatriser la plaie tout au long avec « Disrespect Is Universal », « The Prediction » et, clou du spectacle, « It Hurts » où la créatrice semble ne pas se remettre de ce traumatisme.

Et plus l’album avance, plus on a la sensation que Jenny Wilson avance la guérison avec ce contraste entre ces textes sombres et bien bruts détaillant cette expérience désagréable et sa musique cosmique quasi-dansante avec comme principales exemples « Your Angry Bible » et « It’s Love (And I’m Scared) ». S’achevant sur « Forever Is A Long Time », la suédoise a réussi à faire une thérapie musicale à travers cet opus viscéral qui ne laissera personne indemne. Même si l’écoute s’avère déconcertante, elle s’avère néanmoins importante suite aux mouvements comme #MeToo qui montent en puissance depuis ces derniers mois.

Note: 8/10