Melody’s Echo Chamber – Bon Voyage

Lorsque Melody’s Echo Chamber avait débarqué il y a six ans avec son premier album produit par Kevin Parker de Tame Impala, tout le monde avait en quelques sortes apprécié la version dream-pop et féminine de l’album Lonerism. Et depuis 2014, Melody Prochet nous a fait la promesse d’un successeur pour cette année qui a été décalé jusqu’à l’année suivante. Et encore et encore. Jusqu’à cette date du 15 juin 2018 où elle annonce enfin son grand retour avec son successeur intitulé Bon Voyage.

Ce délai s’explique pour de nombreuses raisons: notre parisienne adorée a connu pas mal de problèmes allant d’une séparation douloureuse avec le musicien australien (qui a inspiré son album Currents en 2015) ainsi qu’un terrible accident qui a failli lui coûter la vie. Mais Melody Prochet ne perd pas espoir pour autant et s’accroche à ce Bon Voyage. Et il faut le prendre comme ça en fait. Ce second album produit par Frederik Swahn de The Amazing et Reine Fisk de Dungen se veut être un voyage de pop psychédélique où tout peut arriver de façon imprévisible comme l’atteste des titres bien aventureux comme « Cross My Heart » et « Desert Horse ». La pochette aurait du mentionner: « attachez vous ceintures parce que ça va dégager fort ».

Oui parce que Bon Voyage n’aura rien d’un fleuve tranquille. A travers ces deux morceaux mentionnés plus haut, on passe du coq à l’âne où toutes les influences sont multiples conservant cette base pop psychédélique kaléïdoscopique. Il ne faudra pas s’étonner à entendre de temps à autre des scratches, des bandes de guitare jouées à l’envers, des rythmiques trap venues de nulle part (?) tandis que les modulations vocales de Melody sont interchangeables à un point que cela devient déconcertant. Le côté onirique est dilué petit à petit même si l’on retrouve quelques moments qui rappellent toute la magie de son prédécesseur comme « Quand Les Larmes D’un Ange Font Danser La Pluie » avant de retomber dans les influences prog avec « Breathe In, Breathe Out » et l’aventureux « Visions Of Someone Special, On A Wall Of Reflections ». Comme à son habitude, notre hôtesse alterne le français, l’anglais et même le suédois sur l’interlude calme nommé « Van Har Du Vart » pour prouver qu’elle a toujours une longueur d’avance sur la concurrence.

Au final, on ne saura jamais comment appréhender ce Bon Voyage de Melody’s Echo Chamber qui se clôt par « Shirim », premier extrait groovy dévoilé en 2014 déjà qui reste toujours de très bonne facture avec son riff catchy, sa rythmique entêtante et sa ligne de basse bien trippy. On appréciera sa volonté d’expérimenter et de mélanger différents styles musicaux tout en restant dans la vibe pop progressive des années 1970 mais on restera déconcerté au final. Il faudra attendre plusieurs écoutes pour que la magie s’opère et adhérer à ce trip plus étrange qu’onirique.

Note: 7/10