Je vous le dis honnêtement: j’ai jamais vraiment accroché à Flavien Berger en 2015. Et pourtant, je me suis forcé à plusieurs reprises mais rien n’y fait, j’ai trouvé son album Léviathan trop perché et c’est pour ça que je ne l’ai pas chroniqué. Au final, je me suis laissé une seconde chance trois ans plus tard avec son second album intitulé Contre-Temps et cette fois-ci, c’est la bonne.
Il est clair que Léviathan fut un sacré disque électro-pop à la français bien décalé dont il a fallu avoir le cœur accroché pour adhérer. Mais pour ce nouvel opus, Flavien Berger, qui est devenu le chouchou numéro 1 de Pan European Recordings, a décidé de prendre son temps et décrit ce disque comme « un disque circuit qui se nourrit du fantastique et où se rencontrent l’impermanence et la sensation du temps qui passe ». Et on sent ce travail qui a duré trois ans à travers des morceaux électro-pop plus sages et nostalgiques à l’image de la rétro-futuriste « Rétroglyphes » qui ouvre le bal mais aussi le toujours aussi mémorable « Brutalisme » à mi-chemin entre Tellier et Air, « Maddy La Nuit » qui rappelle quelque peu la bonne époque d’Etienne Daho.
Si l’on a affaire à des morceaux plus traditionnels et plus compacts (pour info, il a laissé tomber GarageBand pour se mettre à LogicPro) comme « Intersaison » et « Pamplemousse », rien n’empêche à Flavien Berger à remettre en avant son côté avant-gardiste pour autant. Après « 88888888 » et « 777777 », voici donc venir le troisième volet intitulé « 999999999 » commençant par des bribes sonores complètement bizarres avant de se laisser emporter par des boucles électroniques instrumentales bien efficaces pendant 9 minutes. L’un des atouts de ce Contre-Temps est également l’interprétation languissante de Flavien Berger qui embellit les mélodies de l’aventureux « Deadline » et du très kitsch « Hyper Horloge » et n’hésite pas à faire intervenir des voix extérieures comme celle de Julia Lanoë de Sexy Sushi et Mansfield.TYA sur « A reculons » aux synthés complètement surexcités mais encore celle de Bonnie Banane sur l’épopée de 14 minutes qu’est le morceau-titre qui est un mélange de plusieurs styles entre passages éthérées où les voix sont les principaux instruments qui se dénouent dans une session a cappella saisissante et s’achevant sur une symphonie frémissante.
A travers ces treize titres dont la mélancolique conclusion au piano intitulée « Dyade », Flavien Berger arrive à établir un lien entre le passé, le présent et le futur dans le sens qu’il veut à travers ce Contre-Temps moins kitsch et plus envoûtant qu’à l’accoutumée. Le chanteur et musicie parisien résidant désormais à Bruxelles se lance dans un labyrinthe à travers le temps et l’espace où toutes les scénettes sont parfaitement représentés sur ce second disque toutes différentes les unes les autres.
Note: 8.5/10