Il y a deux ans à cette époque, nous avions mis en lumière une artiste bien prometteuse répondant au nom d’Ian Sweet qui avait publié un sublime premier album nommé Shapeshifter (chroniqué ici). Le projet de la musicienne de Brooklyn Jilian Medford nous a tant attendris avec son indie rock flamboyant et ses textes résolument personnels. Deux ans plus tard, elle revient sur le devant de la scène avec Crush Crusher et rétablit son diagnostic.
Après avoir détaillé sa dépression qui l’a rongé la majeure partie de sa vie, Jilian Medford désormais accompagné de son producteur Gabe Wax (Soccer Mommy, Deerhunter, The War On Drugs…) continue de chasser les vilains nuages qui l’entourent. C’est avec des morceaux indie pop implacables aussi bien oniriques que nuageux qu’elle les combat du mieux qu’elle peut avec une plume toujours aussi imagée et pointue comme « Hiding » qui ouvre le bal sous les mots: « I forgot myself in you » mais encore « Spit » et autres « Bug Museum » aux guitares acérés et à l’ambiance aussi glaciale que psychédélique.
Une fois de plus, les conflits internes sont devenus les principales préoccupations d’Ian Sweet et elle arrive à les mettre en scène à travers ses interprétations renversantes et éthérées sur le tendu « Falling Fruit » ou sur « Ugly/Bored » où elle chante: « I forgot did I ever ask what you thought about the day we fucked in the parking lot? » comme si ses souvenirs tombaient comme un cheveu sur la soupe. Pour illustrer ces textes sonnant comme des appels à l’aide, Jilian Medford ira multiplier sa palette musicale en lorgnant vers l’âge d’or du shoegaze avec les sonorités dignes de My Velvet Underground et Slowdive sur les extraordinaires « Holographic Jesus » et « Borrowed Body ».
Tantôt pop digitale sur le morceau-titre rythmé tantôt indie rock classique avec « Question It » et « Your Arms Are Water », Crush Crusher ira placer le curseur plus haut dans la discographie restant impeccable d’Ian Sweet. Une fois de plus, elle continue à exorciser ses maux de façon authentique où elle arrive à réaliser qu’il faut accepter ses défauts pour pouvoir surmonter sa vulnérabilité.
Note: 9/10