Julia Holter – Aviary

En 2015, Julia Holter avait marqué les esprits avec son album Have You In My Wilderness (chroniqué ici). Dès lors, l’auteure-compositrice-interprète californienne a eu le monde à ses pieds, à un tel point qu’elle a mis un coup de crasse à Matt Mondanile de Ducktails qui fut accusé de harcèlement sexuel pour l’enfoncer un peu plus dans le chaos, et c’était bien mérité pour lui. Cette année, la musicienne que tout le monde s’arrache revient avec Aviary.

Là où son prédécesseur était remarquable pour son côté pop et envoûtant, Julia Holter a décidé de faire parler ses influences musicales qui sont multiples pour en faire une odyssée de 90 minutes pour la moins dense et osée. Aviary se veut totalement imprévisible et avant-gardiste où l’on passe du calme à la tempête en peu de temps. Dès les premières notes de « Turn The Light On », on est plongé dans un déluge d’instruments en tous genres et on ne comprend pas vraiment ce qui se passe mais dès que la voix de la californienne retentit, nous voilà rassurés.  Résolument expérimental, Julia Holter nous embarque dans un éventail d’influences comme les sonorités médiévales de l’audacieux « Chaitius » interprété en langue occitane ou encore le paranoïaque « Voce Simul » où les orchestrations menées à la harpe aussi bien électroniques qu’organiques nous mettent un froid dans le dos.

L’interprétation angélique de la musicienne est le seul faisceau de lumière tout au long de ce voyage riche en sensations et brille sur l’hypnotique et l’aliénant « Everyday Is An Emergency » mais encore les sonorités dignes de Kate Bush du chaotique « Underneath The Moon » et la ballade au piano mélancolique qu’est « Les Jeux To You ». Aucun morceau passe en dessous des cinq minutes (excepté « Whether » et la nébuleuse « I Would Rather See »), ce qui en dit long sur l’ambition de la madame. Entre le côté Olafur Arnalds du mélange entre electronica moderne et neo-classical sur le contemplatif « Colligiere » et le plus minimaliste « In Gardens’ Muteness », il n’y a qu’un pas et seule la californienne arrive à la franchir.

Avec Aviary qui se conclut avec la berceuse touchante qu’est « Why Sad Song », Julia Holter affirme sa puissance et témoigne sa créativité musicale sans failles. Loin des allures pop de son prédécesseur, elle pousse le vice beaucoup plus loin où il faudra plusieurs écoutes pour pouvoir cerner le génie de la californienne pour une longue virée expérimentale et avant-gardiste.

Note: 10/10