Thom Yorke – Suspiria OST

Chez Radiohead, on a toujours l’habitude de voir Jonny Greenwood s’émanciper en solo pour composer des bandes-originales. Alors qu’il est de plus en plus sollicité, un autre membre fut appelé pour composer celui d’un remake du film d’horreur italien intitulé Suspiria. Il s’agit du charismatique Thom Yorke dont tout le monde connaît sa biographie par cœur qui a été approché par le cinéaste Luca Guadagnino pour composer cette bande-originale tant attendue.

Suspiria est donc un double-album faisant parler le génie de Thom Yorke que l’on avait laissé avec un Tomorrow’s Modern Boxes qui fut pour le moins quelconque et abscons. Ici, il a réussi à combiner l’univers bien inquiétant du film racontant la rencontre entre une danseuse qui est Dakota Johnson et de son chorégraphe interprété par Tilda Swinton et ses compositions abstraites sublimant un peu plus l’esthétique du film. Dès lors, on est partagé entre pièces instrumentales où bruits étranges pour ne pas dire angoissants font surface d’un moment à un autre comme sur « The Hooks », « Belongings Thrown In A River » ou même sur « Klemper Walks » et de très beaux morceaux plus mélancoliques et organiques où la voix plaintive du leader de Radiohead surgit sur « Suspirium » et son sequel où le piano et les cordes l’accompagnent sans oublier « Open Again ».

Durant 80 bonnes minutes, on est partagé entre passages malsains et avant-gardistes comme sur « A Storm That Took Everything » mais également sur le second disque rempli de moments bien « flippants » avec entre autres « Volk » et « A Soft Hand Across Your Face » ou encore d’autres intermèdes étranges comme « Synthesizer Speaks », « The Room of Compartiments » et « An Audition ». On peut citer également les 14 longues mais angoissantes minutes de « A Choir Of One » où la voix de Thom Yorke est multipliée à l’infini et on a l’impression d’être plongé dans un vortex ou encore les influences orientales et désertiques de « The Universe Is Indifferent ». Au milieu de ces pièces paranormales, de la beauté s’en dégage comme les accents trip-hop de « Has Ended » avec sa batterie nonchalante et ses arrangements dantesques ou encore la chorale féminine qui entoure le bonhomme sur « Unmade ».

A travers ce Suspiria, Thom Yorke a signé une de ses plus grandes œuvres en dehors de Radiohead n’en déplaise aux fervents défenseurs de Tomorrow’s Modern Boxes. Prolongeant la beauté élégante et sensible d’A Moon Shaped Pool, le charismatique musicien parvient à se réinventer et à imposer sa patte sur cette bande-originale intense et impressionnante de qualité. Tout ceci sent bon pour son prochain album prévu l’an prochain promettant d’être beaucoup plus électronique.

Note: 9/10