Vivian Girls – Memory

Il fut un temps où Vivian Girls avait dominé la scène indie rock américaine à la fin des années 2000 jusqu’au début des années 2010. Le trio féminin originaire de Brooklyn avait débarqué en puissance avec trois albums au compteur dont le dernier paru en 2011 (au passage sous-estimé) nommé Share The Joy n’a pas fait l’unanimité. Suite à cela, le groupe s’est séparé en 2014 laissant les fans orphelins… jusqu’à cet été où elles annoncent leur reformation. Alléluia !

Durant ces cinq années, les trois brooklynites étaient bien occupées. On a suivi Cassie Ramone qui a suivi une carrière solo peu fructueuse ainsi qu’un nouveau duo éphémère nommé The Babies avec Kevin Morby tandis que Kate Goodman s’est exilée à Los Angeles pour monter le groupe La Sera en compagnie de son mari Todd Wisenbaker en publiant une poignée de disques plutôt mémorables dont le dernier en date de 2016 (chroniqué ici). Bref, personne ne s’attendait à ce que Vivian Girls allait se reformer d’ici peu jusqu’à cet été où leur quatrième album allait arriver de façon imminente. C’est à dire aujourd’hui.

Lorsqu’un groupe se sépare de façon indéterminée et se retrouve quelques années après, on a cette appréhension en pensant qu’ils perdraient leur alchimie. Heureusement que ce n’est pas le cas pour Vivian Girls avec leur opus nommé Memory produit par Rob Barbato (Kevin Morby, The Fall…) qui reprend là où elles se sont arrêtées huit ans plus tôt. Cassie Ramone, Katy Goodman et (surprise !) Ali Koehler qui avait officié à la batterie uniquement pour leur second album nous font rappeler pourquoi on les avait tant adoré avec leur garage-pop noisy qui reste addictif. Il suffit d’écouter des morceaux hypnotiques et frénétiques à l’image du titre introductif nommé « Most of All » mais encore « Sick » et « Something To Do » pour s’en apercevoir.

Une pointe de shoegaze, de post-punk et même de dream-pop sont a déceler tout au long de Memory. Entre riffs fuzzy et bruitistes de Cassie Ramone et lignes de basse frissonnantes de Katy Goodman ainsi que les rythmiques galopantes d’Ali Koehler, il n’y a qu’un pas et cela donne des morceaux mémorables et orageux à l’image de « Sick », « Sludge » et autres « Far Away ». Jamais l’intensité ne redescend même lors des moments on ne peut plus pop comme « Lonely Girl » et « Mistake » tout comme les textes hyper pointues mettant au centre de l’attention les relations toxiques, les maladies mentales qui pèsent beaucoup sur les communautés ou encore les fausses promesses en l’air qu’auraient pu connaître une certaine Aya Nakamura.

Le retour en puissance de Vivian Girls a beau être inattendu mais il est tout de même bienvenu. Avec Memory, le trio de Brooklyn résidant désormais à Los Angeles revient en forme avec des compositions orageuses mais totalement accrocheuses les montrant à l’aise dans le courant shoegaze sans pour autant dénaturer leur style original. Une reformation de ce genre, on en redemande mais pour le moment, il faudra souhaiter de nouveau la bienvenue à ces trois mamzelles prêtes à reconquérir la scène indie rock américaine tels Minus et Cortex.

Note: 9/10