SebastiAn – Thirst

À la fin des années 2000 et au début des années 2010, le paysage musical français était vraiment sous l’influence de l’Ed Banger mania. Busy P, Justice, le regretté DJ Mehdi, Feadz, Breakbot et même Mr. Oizo régnaient sur la scène électronique française. Et il ne manquait qu’un certain SebastiAn complète le roster et débarque de nulle part avec son premier album Total contenant le mythique « Embody ». Très vite, le producteur français a réussi à sortir des sentiers battus et est fortement plébiscité dans le milieu. Après huit années de silence radio et de collaborations mémorables avec Charlotte Gainsbourg, le prince des ténèbres d’Ed Banger revient avec son successeur tant attendu intitulé Thirst.

Le producteur originaire de Boulogne-Billancourt effectue un virage musical à 90 degrés en s’éloignant de ses sonorités agressives le faisant passer pour l’enfant bâtard de Justice des débuts pour les beats percutants et de Gesaffelstein pour les sonorités dark et violents. Thrist se veut être une réponse à Total, un contraste (sur la pochette du premier album, Sébastien Akchoté se roule une pelle tandis que sur le nouvel album, il se bat contre son double). La rupture en somme. En trois années de travail selon ses dires, on sent la différence et on a affaire à un disque étrangement plus pop que Total mais à la sauce SebastiAn avec entre autres l’introduction ainsi que le robotique « Movement » avec ses samples de voix d’humanoïde et les influences classiques de « Davyoka ».

Mais Thirst est également l’album où SebastiAn ira multiplier son carnet d’adresses. On croise des invités venant de tous horizons musicaux comme le R&B/soul avec la chanteuse californienne Syd de The Internet sur « Doorman » mais également Mayer Hawthorne qui refait son apparition sur le spectral « Better Now », Sunni Colón sur le très pop « Time To Talk » et le crooner Gallant sur le désormais connu « Run For Me ». On y croise le monde du hip-hop avec la révélation britannique Bakar sur le vertigineux « Sober » et le japonais Loota sur les sonorités trap modernes de « Sweet » mais également le monde pop-rock avec Charlotte Gainsbourg murmurant sur l’hypnotique « Pleasant » et le groupe Sparks redonnant un coup de fouet avec « Handcuffed To A Parking Meter ».

Flirtant avec les contrées expérimentales sur « Sev » avec l’irano-néerlandaise Sevdaliza et d’autres plus brutales avec « Beograd » rappelant les titres percutants de Total, SebastiAn signe son disque le plus complet et le plus versatile de sa discographie. Thirst verra le producteur de Boulogne-Billancourt ouvrir de nouvelles influences musicales et une nouvelle voie devant lui.

Note: 8/10