En 2017, un disque m’avait accompagné presque tous les soirs. Non il ne s’agissait pas d’Exit Index de Grooms (celui-ci arrivait juste après) mais Earl Grey de Girl Ray (chroniqué ici). Très vite, le trio londonien a fait valoir leur savoir-faire et leur univers musical avec leur pop aussi bien expérimentale qu’accessible. Mais la bande à Poppy Hankin a décidé de nous faire voir de toutes les couleurs avec leur successeur nommé Girl.
Fini les explorations vers la pop psychédélique des années 1960 à la Britpop des années 1990 sur ce nouveau disque. Girl Ray décide d’effectuer un virage musical des plus osés sans pour autant trahir ses origines. Il suffit d’écouter des morceaux pop entraînants mais plus groovy que dans le passé à l’image de « Show Me More » qui donne le ton mais également le soulful « Just Down The Hall » et l’épique « Keep It Tight » pour se rendre compte du changement. Vous l’aurez compris, les londoniennes virent dans des sonorités R&B/soul tout en restant égales à elles-mêmes.
Face à des synthés dansants de « Because » ou encore l’efficace « Friends Like That », on ne peut pas s’empêcher d’apprécier la versatilité musicale de Girl. Ce n’est pas un hasard si l’on croise la rappeuse inconnue Psuwave sur la surprenante « Takes Time » où la pop légère flirte avec le hip-hop mais encore « Let It Go » débutant de façon piano-jazz avant de muer vers une synthpop entraînante ainsi que le court mais dansant « Go To The Top ». Vous l’aurez compris, Girl Ray s’approprie un maximum de codes afin de mieux se réinventer et cela marche du début à la fin. Il n’y a qu’à juger la conclusion plus mélancolique aux frontières de l’indie folk nommée « Like The Stars » pour se convaincre du pot-pourri de ce second opus.
Avec l’interprétation sucrée de Poppy Hankin agrémenté de synthés nous donnant le tournis, des lignes de basse chaloupées de Sophie Moss ainsi que des rythmes bipolaires menées par Iris McConnell, Girl Ray est de retour avec un disque osé, diversifié et complexe tout en restant accessible. Les londoniennes nous prouvent qu’elles savent s’attaquer à la black music tout en restant droite dans ses bottes. Un pari risqué mais réussi que le trio peut se vanter d’avoir relevé.
Note: 8/10