Il y a huit années de cela, nous avions fait connaissance avec le supergroupe Ultraísta ainsi que de leur premier album remarquable et mémorable. Le trio composé de Nigel Godrich que je ne présente plus, de Joey Waronker (R.E.M., Gnarls Barkley, Beck…) et de la chanteuse Laura Bettison avait le monde à leurs pieds mais leur tournée avortée en a décidé autrement. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et après être retourné auprès de leurs occupations respectives, les revoici plus fort avec leur successeur tant attendu nommé Sister.
Pour situer à peu près l’univers musical d’Ultraísta, et bien imaginez si feu Trish Keenan aurait interprété l’album Kid A avec Tony Allen derrière les baguettes. Et bien vous obtiendrez un Sister aussi bien labyrinthique qu’organique où les rythmiques afrobeat de Joey Waronker répondent avec brio aux synthés et sonorités électroniques qui nous en font voir de toutes les couleurs que ce soit sur « Tin King » qui lance les hostilités. On pourra en dire autant des hypnotiques et parfaitement bien ficelés « Harmony » et « Save It ’til Later » mettant en avant l’interprétation séduisante de Laura Bettison où son projet solo FEMME semble avoir porté ses fruits.
Sister est remarquable pour sa production aux petits oignons où l’électro-pop est pensé différemment. Ultraísta aura de quoi faire pâlir de jalousie la concurrence dominée par Poliça sur les lumineux et aérés « Ordinary Boy » et « Water In My Veins » où le travail rythmique, les oscillations synthétiques (parfois couplés d’arrangements de cordes discrets) et la voix sont véritablement complémentaires pour nous envoûter. Même si l’impact sera un peu moindre par rapport à leur grand frère d’il y a huit ans, on se repassera en boucle des titres si inventifs à l’image de « Mariella » et de « Bumblebees » et ce, jusqu’au final aérien qu’est « The Moon and Mercury » qui montre que le supertrio bouleverse ses propres codes afin de repenser la musique différemment.
Note: 9/10