Sevdaliza – Shabrang

Il y a trois années de cela, nous avions pris une sacrée claque auprès de Sevdaliza qui avait publié son premier disque du nom d’IZON (chroniqué ici). Suite à cela, la chanteuse d’origine iranienne basée aux Pays-Bas a rencontré un certain succès d’estime et compte récidiver avec son successeur nommé Shabrang qui s’est longuement fait attendre.

Durant ces trois longues années, Sevdaliza a pu prendre du recul et réaliser à quel point sa bonne étoile lui a pu ouvrir les yeux. Contrairement à ce que montre sa pochette, Shabrang n’est pas une ode aux victimes de violences conjugales mais comme aux épreuves difficiles qu’elle a réussi à surmonter tout au long de sa vie notamment sur des titres à mi-chemin entre trip-hop et R&B expérimental que sont « Joanna » en guise d’introduction mais également « Lamp Lady » et « All Rivers At Once » où elle laisse parler sa vulnérabilité comme jamais.

Avec l’aide de son producteur fétiche qui est Mucky, Sevdaliza sent ses ailes pousser et nous fait voyager dans ses pensées et son passé bien tortueux. Que ce soit sur le plan personnel avec « Habibi » et « Gole Bi Goldoon » interprété en Farsi ou sur le plan politique avec le percutant « Oh My God » à mi-chemin entre trap et jungle, la chanteuse sait nous émouvoir derrière ses productions dramaturgiques à coup de synthés gothiques et glaciaux et de mélodies faussement innocentes avec « Dormant » et « Eden ».

Il arrive que Shabrang possède des moments d’originalité avec notamment la grunge cyborg de « Rhode » et les allures club du chaotique « Darkest Hour » avant de repartir vers la douceur et la vulnérabilité avec « Human Nature » et « No Way » qui clôture cette cérémonie. Une fois de plus, Sevdaliza gravit les échelons avec facilité et aisance afin de se frayer un chemin au sommet. Avec tous les coups qu’elle a pris durant ces années charnières, elle mérite toute reconnaissance et respect.

Note: 8.5/10