Au final, on n’avait pas à attendre l’année 2032 pour avoir un troisième album de The Avalanches. Le duo australien composé de Robbie Chater et de Tony Di Blasi qui fut révélé vingt ans plus tôt avec leur cultissime premier album Since I Left You avait fait un retour fracassant en 2016 avec leur successeur tant inespéré du nom de Wildflower (chroniqué ici). Une preuve que les producteurs fous avaient toujours leur mot à dire via leurs multitudes de samples sans jamais prendre une ride. Vu que leur retour fut très bien accueilli, l’annonce d’un troisième disque n’était pas de refus et surtout pas en ce contexte bien sombre. Ainsi surgit leur nouvel œuvre nommé We Will Always Love You apparaissant comme faisceau de lumière dans notre quotidien éprouvant.
Annoncé depuis trois ans maintenant, The Avalanches a décidé de partir sur de nouvelles bases. Après avoir vendu sa large collection de disques et battu son addiction à l’alcool, Robbie Chater rejoint son compère pour nous offrir une nouvelle odyssée musicale ambitieuse toujours basée sous le signe du sampling. Il est clair que l’année 2020 fut une sacrée année de merde sur tous les plans et qu’il est difficile de garder espoir par les temps qui courent. Mais en appuyant sur la touche Play, The Avalanches parvient à nous rappeler qu’il y a tout de même de la beauté dans la vie. Et surtout après la mort. We Will Always Love You raconte quelque peu la vie après la mort et convoque les fantômes des gens partis trop tôt.
Voici venir 25 titres avec des samples à gogo vacillant entre electronica rêveuse, pop psychédélique planante et sampledelica intergalactique sans oublier sa ribambelle d’invités. The Avalanches convoque au hasard Blood Orange sur le morceau-titre enchanteur et cosmique ou bien encore Orono de SUPERORGANISM qui nous fascine sur les intergalactiques « Ghost Story » divisés en deux parties. Le duo australien chante et danse la vie sous cette ambiance étoilée et avec l’aide d’autres artistes comme MGMT et Johnny Marr sur « The Divine Chord », Leon Bridges sur le ravissant « Interstellar Love » ou encore la voix remarquable de Cola Boyy et de Mick Jones, où deux générations différentes qui se rencontrent, sur l’enivrant « We Go On ».
Le monde du hip-hop est convié à savoir Denzel Curry et Sampa The Great qui présentent leurs flows aiguisés sur « Take Care In Your Dreaming » ainsi que Pink Siifu (sans son acolyte Fly Anakin étrangement) qui sort de son registre habituel avec « Always Black » et « Running Red Lights » en compagnie de Rivers Cuomo de Weezer. On peut en dire de même pour le monde indé avec Perry Farrell de Jane’s Addiction qui s’invite sur « Oh The Sunn! », Karen O qui récite un sublime poème sur le trop court « Dial D For Devotion » et Kurt Vile qui garde son cool sur « Gold Sky » ainsi que le monde du trip-hop avec Tricky qui retrouve un peu de gaieté sur « Until The Daylight Comes » mais la vraie surprise est la rencontre entre Jamie XX, Neneh Cherry et Clypso sur l’implacable « Wherever You Go ». Au milieu de ces instrumentaux toujours aussi ravissants (« Song For Barbara Payton », « Music Makes Me High », « Overcome » et « Born To Lose »), The Avalanches invite son auditoire à danser et à rêver en plein milieu de la nuit sous un ciel étoilé au bord d’une plage afin de rappeler l’importance de la vie et de l’amour. We Will Always Love You est un sublime voyage au pays de l’amour et de la nostalgie où les samples décelés par le duo australien continuera de réparer les cœurs brisés en musique et peu importe si l’année écoulée s’était avérée difficile.
Note: 9/10