Crumb – Ice Melt

Ah là là, qu’est-ce qu’ils nous avaient marqué Crumb à l’été 2019. Après avoir fait son petit nid discrètement, le quatuor de Brooklyn a explosé à la face du monde avec leur désormais cultissime premier album du nom de Jinx (chroniqué ici). La bande à Lila Ramani n’a laissé personne indifférent (ni moi d’ailleurs) avec leur pop psychédélique trippy, cinématographique et gentiment inquiétante qui est prête à passer un stade supérieur avec leur successeur tant attendu du nom de Ice Melt enregistré à Kingston.

Ici, Crumb ira creuser un peu plus le sillon en élargissant quelque peu leur éventail musical tout en restant égal à eux-mêmes. Et pour ceci, le quatuor de Brooklyn ne fera pas appel à Gabe Wax une seconde fois mais à Jonathan Rado. Un choix pour le moins judicieux car ses productions s’apparentent à des disques de groupes qui sont plus centrés revival 70’s (Foxygen, The Lemon Twigs…). Mais dès l’entrée en matière nommée « Up & Down », les craintes se sont dissipées et on se familiarise avec cet univers aussi bien onirique qu’inquiétant auquel ils nous ont habitué sur leur disque précédent avec l’apport de beats trip-hop avant d’être remplacé par une batterie martelée.

On fait de nouveau connaissance avec la voix détachée de Lila Ramani et sa plume surréaliste et rongée par des questions existentielles beaucoup plus mise en avant sur la section rythmique bien appuyée de la dream-pop étrange « BNR » nous tenant en haleine tandis que les claviers trippy et guitares glaciales grimpent en intensité avant de s’achever sur des cordes frémissantes. « Seeds » est remarquable pour sa rythmique appuyée mais encore « L.A. » et « Gone » étonnent pour leur créativité musicale et cette capacité d’enivrer son auditoire comme sur Jinx.

Sauf qu’ici, Crumb prendra plus de risques en nous offrant des moments bien rythmés comme les allures jazz des très dynamiques « Retreat! » et le jazz-funk de « Trophy » ou d’autres plus discoïdes du fondant « Balloon » tout en gardant sa base pop psychédélique aux synthés hallucinogènes avalant tout sur son passage. Après une nouvelle dose de surprise qu’est « Tunnel (All That You Had) » et ses dernières secondes plus denses et orageuses bien surprenantes, une bonne dose de calme inquiétant surgit avec le morceau-titre en guise de clôture. Avec Ice Melt, Crumb ira pousser son univers sombre, trippy mais attachant vers un autre niveau entre l’écriture toujours aussi appuyée de Lila Ramani et le panel de sonorités (dream-pop, jazz, pop psychédélique, disco, trip-hop…) qui l’habitent pour un second disque osé mais magistral.

Note: 9.5/10