Chaque disque de SUUNS reste une surprise. La formation art-rock expérimentale montréalaise menée par Ben Shemie possède toujours une part de mystère à chacune de leurs aventures musicales. En cette rentrée, on était impatients de savoir ce qu’ils allaient nous réserver pour leur nouvel album intitulé The Witness.
Conçu lorsque la pandémie a éclaté, on aurait pu penser que SUUNS aurait amorcé un virage encore plus labyrinthique et plus complexe qu’à l’accoutumée. Mais l’écoute de The Witness est bien loin de tout cela car il privilégie la simplicité, l’organique et étrangement une lueur d’espoir. C’est avec huit nouveaux titres étrangement minimalistes mais ô combien enivrants que l’on a affaire avec notamment l’introduction longue mais solennelle de « Third Stream » où l’on voit le trio montréalais prendre un tournant plus épuré mais toujours aussi synthétique avant de laisser place à la plus rythmée mais inquiétante « Witness Protection » laissant place à la voix plus chaleureuse de Ben Shemie.
Vous l’aurez compris mais nous sommes à mille lieues des expérimentations étranges et inaccessibles de Hold/Still ou de Felt tant SUUNS privilégie une trajectoire musicale précise et détaillée. Quelques bonnes idées fourmillent tant l’inventivité du groupe montréalais reste de mise, à commencer par l’aérien « Clarity » qui est soutenu par des longues notes de saxophone signées Eric Hove ou encore par les entêtantes ritournelles de « The Fix » et de la présence d’une guitare acoustique sur le spirituel « Go To My Head ».
Il ne manque plus qu’un final minimaliste et synthétique du nom de « The Trilogy » pour que SUUNS puisse confirmer ce virage un brin plus lumineux où ils privilégient des morceaux plus réfléchis et instinctifs sur ce nouveau disque si somptueux. Et on est tous témoin de ce changement agréable dans la musique toujours aussi trépidante de SUUNS.
Note: 8.5/10