Lors de cette année chaotique que fut l’année 2020, on pensait que Shamir était sorti la tête de l’eau avec son dernier album (chroniqué ici). L’artiste venu de Las Vegas poursuit son introspection des plus tortueuses en musique comme il sait si bien le faire avec l’arrivée de son nouvel album intitulé Heterosexuality.
Beaucoup plus viscéral que son prédécesseur avec l’aide de Bartees Strange à la production, Shamir ira déconstruire les genres comme il sait si bien le faire en clamant son identité queer avec toute l’exigence musicale qu’on lui connait. C’est à travers des compositions plus industrielles et menaçantes à l’image du titre d’ouverture nommé « Gay Agenda » (“You’re just stuck in the box that was made for me and you’re mad I got out and I’m living free / Free your mind, come outside, pledge allegiance to the gay agenda”) et de « Cisgender » (“I’m not cisgender, I’m not binary, trans, I don’t wanna be a girl, I don’t wanna be a man / I’m just existing on this godforsaken land and you can take it or leave it, or you can just stay back”) qui nous donnent sa vision des choses afin de faire la morale à l’homme cisgenre privilégié.
Entre temps, le natif de Las Vegas nous émeut par ses prestations vocales renversantes tant il exorcise toute sa rage, sa colère et ses traumas les plus profonds qui auront eu raison de lui ces derniers temps, et surtout en ces temps sombres. Que ce soit sur « Stability » aux airs de soul UK ou bien encore sur « Caught Up », les influences 90’s dignes de Bjork ou de Nine Inch Nails sont parfaitement ressentis et arrivent à retranscrire cette ambiance tendue et toxique que nous traversons à l’heure actuelle.
Combinant les synthés aussi bien éthérés qu’agressifs que les guitares rugueuses et mélodiques sur « Marriage » ou encore sur « Father » nous provoquant des sursauts, Shamir se bat contre un système profondément inégalitaire et privilégié sur tous les points avant de trouver un brin de sérénité avec une conclusion plus lounge nommée « Nuclear ». Avec Heterosexuality, il saura se battre contre ses démons une fois de plus avec son franc-parler qui contraste avec son interprétation vulnérable et touchante.
Note: 7.5/10