Beach House – Once Twice Melody

Bien entendu, on pouvait également compter sur le grand retour de Beach House pour démarrer l’année 2022 en grandes pompes. Il faut dire que le fameux duo de Baltimore avait surpris plus d’un en 2018 avec leur précédent album 7 (chroniqué ici) beaucoup plus surprenant pour son ambiance plus psychédélique et anxiogène sans trahir ses origines dream-pop avec la patte de Sonic Boom en prime. Après plusieurs années d’absence, Victoria Legrand et Alex Scally décident de voir les choses en grand sur leur double-album nommé Once Twice Melody.

Pour celles et ceux qui ont suivi la saga depuis maintenant le mois de novembre, Beach House a frappé un grand coup. Le duo nous a teasé de quatre-cinq chansons formant un EP par mois, de novembre jusqu’en février. On se retrouve ainsi avec un double-album de 18 titres totalement autoproduits (ce qui veut dire ni de Chris Coady ni de Sonic Boom à la production) élargissant un peu plus le spectre musical du groupe le plus adulé de l’indiesphère en recrutant James Barone à la batterie. Étant ambitieux, j’ai décidé d’attendre la sortie complète du disque pour me faire un avis même si je suis conscient que le disque dure 84 minutes, soit la durée d’un film. Mais quoi qu’il en soit, j’avais hâte de savoir ce qu’ils allaient nous proposer et décidé de procéder partie par partie afin de refaire la chronologie.

La première partie de ce Once Twice Melody débute avec le morceau-titre aux ambiances nocturnes et étoilées plantant le décor avec soin avant de nous emmener avec « Superstar » aux synthés cristallins et le plus robotique « Pink Funeral » poursuivant le côté mystérieux de 7 qui nous a tant fasciné. Suite à cela, Beach House opte pour des mélodies beaucoup plus directes et fédératrices sur la seconde partie. C’est notamment le cas pour « Runaway » où Victoria Legrand s’essaie au vocoder calant parfaitement aux rythmes synthétiques scintillants avant d’enchaîner avec l’intervention de cordes sur « ESP » (une première pour le groupe). Bien entendu, on retrouve aussi les lancinants « New Romance » et « Over and Over » nous rappelant l’âge d’or du groupe au début des années 2010.

La troisième partie de Once Twice Melody se veut plus étoffé au niveau de la production sans jamais trahir les origines musicales de Beach House. On en veut pour preuve « Sunset » qui conviera une guitare acoustique (une autre première pour eux) faisant corps avec l’interprétation toujours aussi inimitable de Victoria Legrand, aux reverbs et aux arrangements de cordes voluptueux avant de laisser place aux distorsions de guitare un brin plus électriques sur le rêveur « Only You Know » aux envolées lyriques de Victoria Legrand absolument renversantes. Après un « Another Go Round » et « Illusion Of Forever » notables pour leur flamboyance mélodique si remarquables, on embarque sur le dernier chapitre.

Beaucoup plus chaleureux et plus organique, Beach House nous réconforte avec « Finale » et « The Bells » avec l’intervention de la slide guitar définitivement bienveillants avant d’errer vers la synthpop cristalline et onirique sur « Hurts To Love ». Mais le véritable clou du spectacle est la splendide conclusion nommée « Modern Love Stories » qui est remarquable pour son aspect cinématographique et qui saura nous emmener très loin. En définitive, Once Twice Melody est sans conteste le projet le plus cinématographique et le plus audacieux de la discographie de Beach House qui redouble d’ambitions. Ce labyrinthe musical a beau perdre un peu en immédiateté mais reste toujours aussi séduisant et onirique avec cette part du mystère qui aura fait la réputation du duo le plus prisé de la scène dream-pop.

Note: 8.5/10