L’artiste que je présente ne mérite pas d’être catalogué en tant que « Découverte du jour ». En effet, il s’agit de l’homme de l’ombre qui a fait ses preuves auprès de Pi Ja Ma, Tomasi ou encore Magenta. Je parle bien évidemment d’Hugo Pillard, artiste jurant sur le DIY, que je suis depuis ses débuts et qui mérite toute son attention. Plus connu sous le pseudonyme Trente, il sort enfin de l’ombre avec son premier album événement nommé #1 Carnets.
Dès le départ avec « #1 » rappelant quelque peu Elliot Moss dans l’âme, l’aspect DIY est sublimement mis en avant avec ces secousses électroniques vertigineux contrastant avec sa voix éthérée et sa poésie introspective. Trente distille ses différents états d’âme avec une sincérité qui fait frémir à travers des compositions finement arrangées telles que « Carnets » installant parfaitement cette tension entre le chaud et le froid, l’électronique viscérale et les arrangements organiques et chaleureux. On pourra aussi compter sur « mon nom » et « 6 7 8 » promettant un périple musical absolument dantesque.
Au milieu de ces arrangements DIY, Trente n’a pas oublié un peu de douceur. On pense entre autres à la ballade psych-folk « Du lundi au dimanche » qui est une ode à l’ivresse accompagnée des chœurs éthérées de Pi Ja Ma mais aussi à la romantique et poétique « La fête » qui montre l’aspect versatile de sa musique. Il est facile de se reconnaître lorsqu’il raconte ses anecdotes, ses tranches de vie qu’il les prend comme un proverbe notamment sur le vertigineux « Sentiments » ainsi que l’attachant « Défauts / Comme Paris » qui est une sublime ode à l’amitié.
Bien entendu, Trente est plutôt bien entouré. On retrouve dans cette aventure les chœurs des divines Pi Ja Ma et Yoa mais également Tomasi qui possède désormais sa signature vocale et reste toujours aussi intrigant sur « Roi(s) des fous » en compagnie de Fils Cara également. À la fin du morceau, on retrouve un passage a capella d’Ottis Cœur où elles n’ont jamais sonné aussi soulful qu’à l’accoutumée. Vous l’avez compris, #1 Carnets est un album riche en surprises montrant toutes les facettes de Trente. Mais ces facettes le rendent plus qu’humain, le dernier exemple en date est « Ocytos » qui est une épopée de huit minutes absolument dantesques. Après une longue introduction électronique, la tension s’installe petit à petit avant de se muer en une ascension post-rock cinématographique et dense aux doux relents krautrock pour une explosion sonique des plus satisfaisantes avant de se clôturer sur une coda indie folk épurée et romantique.
Cet aspect multifacettes représente parfaitement Hugo Pillard: tantôt contemplatif tantôt rebelle au niveau des textes, tantôt doux tantôt âpre au niveau des sonorités, il aborde les thématiques sans pudeur et avec ambition où les sonorités psych-folk, synthwave, indie folk, electronica et indie rock passent à la centrifugeuse pour un résultat hors du commun. Il en résulte un #1 Carnets de haute volée qui placera Trente parmi un des actes musicaux DIY les plus talentueux de sa génération.
Note: 8.5/10