PJ Harvey – I Inside the Old Year Dying

A-t-on besoin de rappeler que chaque retour de PJ Harvey reste un événement dans le monde de la musique ? Il faut dire que la légendaire musicienne n’a plus besoin de présentation vu qu’elle a marqué nos oreilles curieuses depuis maintenant trois décennies. C’est presque un jour de fête lorsqu’elle annonce son retour après sept années de silence radio. Voici ce que nous pensions enfin de ce nouvel album événement intitulé I Inside The Old Year Dying.

Suite à la sortie de The Hope Demolition Project et de la tournée qui a suivi, PJ Harvey a connu un violent passage à vide. Une profonde remise en question s’est imposée pour notre héroïne s’imaginant mal continuer ce schéma de publier un disque et d’enchaîner une tournée par la suite, ce qui explique cette longue période d’absence. Suite à cela, elle a trouvé un autre moyen d’expression, à savoir le recueil de poèmes Orlam mentoré par l’écossais Dan Paterson qui est le point de départ de ce I Inside The Old Year Dying qui fut marqué par un déclic avec sa discussion avec Steve McQueen lui incitant à voir sa musique dans sa globalité.

S’ouvrant sur un « Prayer At The Gate », l’ambiance digne de Brian Eno se fait un brin fantomatique afin de mettre en avant la charge émotionnelle d’I Inside The Old Year Dying où PJ Harvey élargit sa palette musicale avec le conte surréaliste de « Lwonesome Tonight » et « Seem Am I ». Elle ainsi que ses fidèles collaborateurs Flood et John Parish nous offrent une expérience auditive absolument inédite tandis que notre protagoniste exorcise toutes les peurs et angoisses qu’elle a porté depuis sa tendre enfance notamment sur « Autumn Term » ou encore sur « The Nether-edge » avec sa montée en puissance des plus frémissantes. Mentionnons tout de même la très expérimentale et nuageuse « All Souls » qui impressionne avant tout.

L’ambiance se fait sombre mais pas macabre, gothique mais pas noire car un faisceau de lumière nous guide tout au long de ce périple musical vaporeux. Une lueur d’espoir se fait ressentir à travers l’interprétation éthérée mais légèrement distordue de PJ Harvey ainsi que ce paysage sonore bien intrigant aussi bien squelettique que riche notamment sur les compositions nous laissant en suspens comme « A Child’s Question, August » bien fascinant contrastant au plus étrange « A Child’s Question, July » ainsi que des passages des plus organiques et bouleversants que sont « August » et « Noiseless, Noise » avec cette montée en puissance vertigineuse digne de Sonic Youth afin de nous réveiller de ce rêve si intrigant de la façon la plus brute qui soit.

En prenant des influences folk-rock, post-punk, slowcore et une bonne pointe expérimentale, I Inside The Old Year Dying reste une expérience musicale riche et hors du commun de la part de PJ Harvey. Une expérience onirique et opaque qui se permet d’être écoutée en une seule traite et à plusieurs reprises pour déceler cette magie qui émane où notre héroïne se sent revigorée et inspirée où elle puise dans le plus profonds de ses traumas afin d’en extirper de la beauté si singulière et solennelle mais ô combien complexe.

Note: 8.5/10