Treize longues années que Mark Linkous a tiré sa révérence. Et je me souviens encore comme si c’était hier du jour de son décès. Quoi qu’il en soit, l’un des musiciens les plus surdoués et les plus influents de la scène indie rock américaine a laissé un grand vide que même ses concurrents peinent à combler. Treize ans plus tard, coup de théâtre ! Matt, son petit frère, a révélé que Sparklehorse avait enregistré des morceaux qui étaient presque finalisés avant son décès. Lui ainsi que sa femme Mélissa ont réussi à finaliser ces morceaux pour en faire un album posthume du nom de Bird Machine.
Le fait d’avoir un album posthume de Sparklehorse est presque un miracle en soi. Quoi qu’il en soit, les morceaux composés après la sortie avortée (à l’époque) de Dark Night Of The Soul, album collaboratif avec Danger Mouse, furent mises en boîte avec Steve Albini en 2009 avant que la famille Linkous puisse les finaliser. Quoi qu’il en soit, pas de superflu ni de superproductions, on retrouve le Sparklehorse que l’on a longtemps adoré. On en veut pour preuve les sublimes compositions « Kind Ghosts » aux sonorités électroniques quelque peu étranges mais qui laissent transparaître toute la vulnérabilité de Mark Linkous qui reste mémorable tout comme les sublimes « Evening Star Supercharger » et « Falling Down ».
A l’inverse, Sparklehorse n’a pas oublié ses racines plus cradingues avec des compositions bien punk que sont « It Will Never Stop » et « I Fucked It Up » qui est un parfait hymne à l’autodestruction où on sent le son bien sale de Steve Albini. Mais c’est avant tout la mélancolie qui lui est si singulière qui prime abord Bird Machine et on ne peut pas s’empêcher d’avoir des frissons tant l’écoute est si particulière. Que ce soit sur « Hello Lord » ou bien encore sur « Chaos Of The Universe » et « Everybody’s Gone To Sleep », la plume de Mark Linkous continue de nous émouvoir. Malgré quelques moments de curiosité, à savoir « Daddy’s Gone » que l’on connaissait déjà sur l’album Dark Night Of The Soul avec Danger Mouse mais sans Nina Persson (et sans Danger Mouse, logique) sous une version plus épurée mais aussi la reprise bien électrique de « Listening To The Higsons » de Robyn Hitchcock ainsi que l’intervention divine de Jason Lytle sur l’attachant « Scull Of Lucia », ce Bird Machine est un testament artistique des plus réussis de la part de Sparklehorse qui adresse son véritable adieu sur les déchirantes ballades « Blue » et « Stay ».
Longue vie à un artiste dont l’influence se fait encore ressentir aujourd’hui, jusqu’à Alex G dont il est un peu l’héritier actuel.