Blur – The Magic Whip

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C’était une journée presque ordinaire. J’arrivais au taff, je checkais mes mails tout ça, je m’occupais de la compta de ma boîte. D’ici là, rien d’extraordinaire. Jusqu’à ce qu’à midi, j’allais sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux pour voir les news et je voyais cette annonce presque surréaliste: « Blur sera de retour avec un nouvel album le 27 avril ». J’y croyais pas mes yeux, la Terre s’est presque arrêté en voyant ça. Le groupe qui a bercé mon enfance serait réellement de retour ?

Douze ans après leur sublime Think Tank, on n’entendait presque plus rien de la part des anciens pires ennemis d’Oasis. Suite à leur reformation en 2009 qui leur a valu un concert mémorable au Hyde Park, et des titres inédits que sont « Fool’s Day » en 2010 et le double single « Under The Westway/The Puritan » en 2012 ainsi qu’un documentaire consacré au groupe intitulé No Distance Left To Run en 2010, tout laissait présager qu’il y aurait du mouvement mais il n’en était rien… Jusqu’à ce jour de février où en direct de Hong Kong, Damon Albarn annonçait un nouvel album de Blur nommé The Magic Whip pour le mois d’avril avec Graham Coxon (car le guitariste a quitté le groupe pendant les sessions d’enregistrement de Think Tank en 2002). Imaginez un peu mon état d’esprit en entendant ça, sachant que Damon Albarn et Graham Coxon avaient l’air d’être bien occupés avec leurs carrières solos respectifs.

Après le Maroc pour Think Tank, les enfants sages de la britpop ont posé leurs valises à Hong Kong pour The Magic Whip. Pendant leur mini-tournée là-bas, ils en ont profité pour travailler sur du nouveau matériel pendant cinq jours consécutifs. Et c’est le légendaire Stephen Street qui s’est chargé de la production de l’album à nouveau. Le buzz autour de The Magic Whip est minutieusement bien maîtrisé avec les premiers titres diffusés sur la toile que sont « Go Out », « There Are Too Many Of Us » et « Lonesome Street », comme quoi le come-back de Blur fut toujours le bienvenu en 2015 .

Et pas de panique, le groupe ne s’est pas reposé sur ses lauriers sur The Magic Whip. Ce n’est ni une redite de ses prédécesseurs ni un best-of du groupe, on retrouve toujours le charme du quatuor d’antan: les distorsions noisy de guitare de Coxon, les lignes de basse malicieuses d’Alex James ainsi que le phrasé nonchalant et touchant d’Albarn sont toujours présents. Des titres authentiques comme « Lonesome Street » et la dansante « Go Out » prouvent qu’ils n’ont pas perdu la patte depuis tout ce temps. Entre les deux titres, on retrouve une ballade touchante parmi tant d’autres qu’est « New World Towers » qui aurait trouvé sa place sur le premier album solo nostalgique de Damon Albarn. Nostalgique, c’est le terme adéquat pour qualifier cet album avec des titres comme les touchants « My Terracotta Heart » et « Pygongyang ».

Blur n’a rien perdu de son originalité et arrive à surfer entre différents périodes du groupe sans problème. On pense à l’électronique qui fut omniprésent sur Think Tank avec l’hypnotique « Ice Cream Man » et « Thought I Was A Spaceman » aux allures de David Bowie période berlinoise, à du Gorillaz sur « Ghost Ship » aux frontières du dub qui est, pour le coup, moins inspiré. Tout comme le punk maladroit « I Broadcast » qui se veut rageur mais tombe presque comme un cheveu dans la soupe (n’est pas « Song 2 » qui le veut). Heureusement que « There Are Too Many Of Us » vient nous réconcilier avec son rythme militaire et ses synthés eighties qui sonnerait parfaitement comme une bande originale d’un Call Of Duty, tandis que l’hymne fraternel « Ong Ong » aux allures de The Kinks et la ballade bluesy reposante de « Mirrorball » se voient la tâche de conclure The Magic Whip avec finesse.

Comeback validé pour ma part avec ce huitième album audacieux et nostalgique de Blur. Ce n’est donc pas un best-of du groupe mais bel et bien une suite logique de Think Tank avec un Damon Albarn féru d’expériences musicales enrichissantes. Preuve que le groupe a toujours de l’énergie à revendre après plus de 25 ans de carrière. Et la suite s’annonce aussi alléchante que le calendrier des prochaines sorties de Marvel avec les nouveaux albums de Gorillaz et de The Good, The Bad & The Queen en 2016 !

Note: 8.5/10