Tout est allé trop vite pour Hinds, ex-Deers. C’est à se demander si le quatuor féminin madrilène a pris le temps de se rendre compte de l’ampleur du buzz qui gravite autour d’elles pendant maintenant 2 ans. Aussi controversé que Desigual, les Espagnoles explosives et rigolotes se sont forgées une pas très bonne réputation sur scène et ceux qui étaient présents à leurs sets de La Route du Rock ou au Pitchfork Music Festival ne peuvent qu’acquiescer. Mais pourtant ce groupe formé en 2011 et composé de Carlotta Cosials (chant, guitare), d’Ana Garcia Perrote (chant, guitare), d’Ade Martin (basse) et d’Amber Grimbergen (batterie) monte en puissance depuis la parution de leur démo en 2014 et est encensé par le NME, Pigeons & Planes et Pitchfork. C’est dire. Alors quand vient l’heure du premier album Leave Me Alone subsiste la question qui tue: Hinds sont-elles meilleures sur disque qu’en live ?
Celles qui ont fait la première partie de The Libertines alors qu’elles en étaient qu’à leur quatrième concert de leur vie nous présentent leur parfait univers musical sur Leave Me Alone, c’est-à-dire un garage-pop lo-fi ensoleillé et enjoué. On ne peut pas résister au charme innocent de ces quatre mamzelles bien longtemps car avec des titres entraînants comme « Garden », « Fat Calmed Kiddos », « Walking Home » ou encore « Castigadas En El Granero », elles parviennent facilement à transmettre de bonnes vibes califor…madrilènes comme il se doit.
Les riffs de guitare mélodiques et jangly se conjuguent à une section rythmique nonchalante et quelque peu hésitante sans oublier le chant un peu bordélique et dissonant de Carlotta Cosials et d’Ana Garcia Perrote avec un bête d’accent anglais à se demander si elles chantent vraiment en anglais parfois, voilà ce qu’est la recette Hinds qui fait pourtant mouche. Mais les compositions sont plutôt réussies, qu’elles soient audacieuses avec ses changements systématiques de rythme (« Easy ») ou qu’elles soient parfaitement bien taillées pour le live (« Warts » ainsi que la triptyque « Chili Town », « Bamboo » et « San Diego »). Mieux, elles arrivent à faire voyager l’auditeur quand elles le peuvent notamment sur l’instrumental « Solar Gap » aussi envoûtant qu’un coucher de soleil sur la plage. Oui je sais, c’est cucul mais c’est comme ça. Sinon, quoi d’autre ? Ah, il y a aussi les plus légères et envoûtantes « And I Will Send Your Flowers Back » et « I’ll Be Your Man » placés en fin de disque qui valent aussi leur pesant d’or.
Je m’attendais à pire mais au final, ce premier album est plutôt un bon cru et se laisse écouter sans réel problème. On pourra rapidement pardonner Hinds pour leurs précédentes prestations live et se réconcilier avec un Leave Me Alone énergique, décomplexé et ensoleillé, un disque comme on en fait plus mais qu’on aimerait plus maîtrisé. On sent ici quatre madrilènes pétillantes qui débordent d’énergie et de bonne volonté et c’est ce qui fait leur charme avant tout.
Note: 8/10