Comment se porte la scène reggae digital en France ? Très bien, merci d’avoir demandé. On a vu émerger pas mal de talents nationaux comme les Bretons de Stand High Patrol ainsi que le singjay tourangeau Biga* Ranx mais également un de ses architectes sonores du nom de Manudigital (ancien bassiste du groupe lyonnais Babylon Circus). Car c’est grâce à lui qu’on lui doit le succès de Biga* Ranx grâce à ses productions massives et robustes au subtil mélange de reggae digital, électro, hip-hop et bass music. Le riddim maker parisien, après avoir généreusement offert trois EP Digital Lab avec Marina P, Peter Youthman et George Palmer ainsi que ses Digital Sessions sur sa page Facebook l’an dernier, nous présente enfin son premier album tant attendu Digital Pixel.
Ce premier opus qui est le fruit d’un travail acharné de ces dernières années montre tout le potentiel que possède Manudigital à enflammer les sound-systems partout où il passe. Avec son lot prestigieux d’invités cinq étoiles, on avait hâte d’entendre le résultat final. Les hostilités sont lancées avec le premier titre « Digital Luvin » conviant Bazil avec la patte Manudigital reconnaissable entre mille: du reggae digital à l’état pur. D’autres missiles bien faya sont en vue comme « Manudigital Affair » avec les légendes jamaïcaines Joseph Cotton et King Kong qui ne se frappe peut-être pas le torse mais reste coriace au micro comme d’habitude ou encore « Retreat » avec Don Camilo.
Digital Pixel est un véritable fourre-tout entre inédits, remixes et morceaux déjà entendus auparavant. Les titres « Comme Inna Di Dance » avec George Palmer, « Must Get Panic » avec Peter Youthman et le groovy « Already Midnight » avec la diva italienne Marina P sont issus des trois maxis Digital Lab mais trouvent leur place. Manudigital s’est payé le luxe de remixer « Politic Man » de la rappeuse écossaise Soom T en version plus stepper ainsi que « Mali Mali » de Danakil pour donner un aspect plus dub et plus dense. Hormis tout ça, lui et ses invités font parfaitement bien le boulot et il y a de quoi. Taiwan MC impressionne sur « Crazy » aux relents dubstep mais avec son riff de guitare bien roots, Errol Dunkley nous envoûte sur l’hymne dub écolo « Look At The Tree » avec son mélodica lancinant composé aux côtés de Blundetto ou le mythique Jamalski fait briser des nuques sur « Bad Boys ». Si il y a bien un hymne qui fera malheur dans les Dub Stations, ce sera celui-ci. Comme quoi le MC new-yorkais issu du Boogie Down Productions n’a rien perdu de sa verve.
Au milieu de ces productions riddim percutantes vient tout de même quelques délicieuses bouffées d’air frais comme l’exotique et sautillant « Saudades » avec la chanteuse brésilienne Flavia Coelho mais aussi la chanteuse allemande Sara Lugo sur le reggae soulful de « Big Up ». Et pour bien clore ce Digital Pixel bien copieux, Manudigital nous offre une version inédite de « Like A Robot » qu’il a rebaptisé en « Digital Robot »… Enfin, pas si inédite que ça vu qu’elle passe depuis plusieurs mois sur Radio Nova mais on ne peut que valider cette nouvelle version plus harmonieuse, futuriste et audacieuse. En bref, ce Digital Pixel est un beau festival de reggae digital « made in Casio » comme on le dit. On regrette par contre l’absence de certains invités qui auraient rendu le contenu plus mythique. Pas de Pupajim, pas de Prendy, pas de Hollie Cook… ET MÊME PAS DE BIGA* RANX BORDEL !!!!! Mais bon, l’essentiel est que Manudigital nous a bien régalé avec ces riddims qui feront un malheur sur les festivals cet été… A moins ce que son « rival » Atili Bandalero nous a réservé quelque chose de plus monstrueux. Réponse en mars prochain…
Note: 7.5/10