Avec Manudigital, Atili Bandalero est considéré comme étant un prodige de la scène reggae digital. Le DJ, producteur et beatmaker tourangeau de 31 ans est longtemps considéré comme le grand frère de Biga* Ranx, ce qui est normal vu qu’il a énormément produit pour ce dernier. L’année 2014 fut une année énormément riche et prolifique pour lui avec le légendaire Joseph Cotton (l’EP Back To The Roots ainsi que l’album Nightlife) et l’album solo Closed Circuit qui a révélé le chanteur parisien Prendy. Deux ans après, il nous revient avec un nouvel album intitulé Bridge Over Troubled Dreams avec Prendy comme principal invité de marque.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis Closed Circuit, c’est certain. Contrairement à son prédécesseur, Bridge Over Troubled Dreams s’avère plus mélodique, plus onirique et moins festif. Cependant, on retrouve son mélange fétiche de dub, de reggae digital, de hip-hop, de bass music et de lounge qui fait toujours son effet. Certes, on retrouve encore « Tomorrow » en début d’album avec sa version que l’on connaît tous ainsi que sa version dub instrumentale jouée au melodica qu’est « Flute of Tomorrow » mais plante parfaitement le décor de ce nouvel album épuré et planant.
Bien sûr, on retrouve des titres plus rythmés aux riddims élégants comme « Sunday » (avec la participation de Tenah Bones), « Longtime » (et sa version steppa nommée « Dub Time » avec Ondubground qu’on retrouvera plus tard sur le disque), « Keep Me Up » et « Dry Your Tears » avec la voix soyeuse de Prendy et le melodica enivrant d’Art-X. Et bien évidemment, le tourangeau permet de nous donner une leçon de « vapor dub » notamment sur « Dub Twice » aux basses ronronnantes et sonorités futuristes ou se révèle même touchant sur « Got To Go ». Ce dernier titre se démarque du répertoire d’Atili Bandalero car il s’éloigne du côté dub-a-dub pour un titre très pop et mélancolique où la voix dandyesque de Prendy se conjugue avec ces notes de piano vaporeux.
Au final, Bridge Over Troubled Dreams est presque comme l’album Nightbird de son petit frère Biga* Ranx, c’es-à-dire abouti, cohérent, onirique et poétique. Le beatmaker démontre à nouveau sa polyvalence et sa capacité à s’éloigner des sound-systems pour des ambiances plus cotonneuses et plus lyriques. Assurément son disque le plus remarquable de sa discographie.
Note: 8.5/10