Il y a des groupes qui débarquent de nulle part et qui te sortent un disque tellement beau à pleurer. Et bien Mothers fait partie de ces groupes-là. D’abord pensé comme un projet solo de Kristine Lepscher (chant, guitare), c’est devenu un quatuor venu tout droit d’Athens en Georgie depuis 2014 avec Drew Kirby (guitare), Patrick Morales (basse) et Matthew Anderegg (batterie). Après avoir terminé ses études d’art en 2014, Kristine Lepscher et sa bande se mettent plus sérieusement à ce nouveau projet musical et ces deux années de travail acharné ont donné un premier album bien poignant du nom de When You Walk A Long Distance, You Are Tired.
Produit par Drew Vandenberg (Deerhunter, Of Montreal, Kishi Bashi…), ce premier disque est un véritable concentré de folk et d’indie rock des années 1990 avec l’inventivité et l’originalité en plus. Comme Angel Olsen, Sharon Van Etten et consorts l’ont fait avant elle, Kristine Lepscher a l’art de nous toucher avec son timbre de voix et ses compositions grandioses. Le premier titre « Too Small For Eyes » me tire déjà une petite larmichette avec sa mandoline, ses notes de piano glaciales et sa voix puissante avant l’arrivée en puissance des cordes pour donner une dimension plus baroque (« We lived unloved in unmade beds, you wore me like a necklace, you close me like a locket »). Dans le même registre, on retrouve l’intime et émouvant « Blood-Letting » où elle joue la carte de la vulnérabilité qui prend grave aux tripes.
A côté de cela, on retrouve des titres quelque peu électriques comme « It Hurts Until It Doesn’t », « Lockjaw » (avec son final apocalyptique) et « Copper Mines » où Mothers semble vouer un culte pour le math-rock à cause de ses constructions musicales épiques et audacieuses. Cela permet également pour le quatuor d’évacuer toutes leurs émotions négatives et autres fardeaux qui les briment depuis bien longtemps. Notamment pour Kristine Lepscher qui se met à nu via ses textes qui sentent la franchise avec les ballades crève-cœur « Nesting Behavior » (« You always made it easy, reminding not to bloom ») et « Burden Of Proof » (avec la participation de Josh McKay de Deerhunter au vibraphone) aux instrumentations riches qui atteignent le summum sur « Hold Your Own Hand » aux arpèges de guitare entêtants et ses contre-temps magiques, sans compter sa dernière minute riche en intensité.
Voilà donc pour Mothers qui débarque de nulle part et qui prend directement aux tripes avec un premier album When You Walk A Long Distance, You Are Tired. Le quatuor d’Athens a certes beaucoup appris de ses influences mais réussit à s’en détacher grâce à leurs compositions émotionnellement fortes et leurs textes sans fioritures.
Note: 8.5/10
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