Yuck – Stranger Things

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Quand il s’agit de rendre hommage à l’indie rock des années 1990, Yuck excelle bien dans son domaine. Depuis leur excellent premier album éponyme en 2011 aux accents shoegaze, le quatuor londonien savait rendre hommage à cette mouvance tout en gardant une certaine originalité. Dommage que l’on ne retrouve pas cette originalité sur l’album suivant Grow & Behold deux ans plus tard qui était trop pop et peu inspiré. Le départ du guitariste Daniel Blumberg n’a pas aidé non plus. Trois ans après ce faux pas, ils décident de relever la tête et de reprendre les rênes avec un troisième album du nom de Stranger Things. Cette fois-ci, c’est la bonne ?

Dès les deux premiers titres bruts de décoffrage « Hold Me Closer » et « Cannonball » (aucun rapport avec le fameux tube des Breeders), nous voilà rassurés: Yuck n’a pas vraiment perdu de sa superbe. On retrouve bien la fraîcheur et la spontanéité des débuts avec ses distorsions de guitare noisy et la voix saturée de Max Bloom, ce qui fait un bien fou notamment sur les lancinants « I’m Ok » et « Down ». Les Londoniens iront même jusqu’à lorgner vers la power-pop de Weezer sur l’entêtant « Silence ». Même si on reste persuadé que Yuck nous offre son album le plus diversifié, Stranger Things nous offre un lot de ballades rempli à ras-bord.

Des ballades pop en veux-tu, en voilà avec « Like A Moth », « Stranger Things » ou encore la superbe « As I Walk Away » chantée par la bassiste Mariko Doi qui déborde sur la dream-pop. Le gros point noir de ce troisième opus, c’est le fait de ne pas réussir à se démarquer de ses influences. En vrai, on a parfois l’impression d’écouter un best-of des grands groupes des années 1990 en même temps: Built To Spill, Pavement, Yo La Tengo, Guided By Voices, Dinosaur Jr. et j’en passe. Le résultat est parfois flagrant sur des titres comme « Hearts In Motion ». Et c’est bien mieux lorsque le groupe sort des sentiers battus notamment sur la planante « Swirling » aux accents shoegaze ou encore le final bouillant et réfléchi de six minutes nommé « Yr Face » qui pourraient donner des perspectives intéressantes pour la suite.

Putain, qu’est-ce qu’il est laborieux ce Stranger Things n’empêche ! Même si il est meilleur que Grow & Behold, il n’atteindra pas les sommets du premier opus, d’une part à cause de son gros manque de cohésion et d’autre part à cause de ses références ultra-grillées. Tantôt indie rock des 90’s, tantôt shoegaze, tantôt lo-fi, on ne sait plus sur quel pied danser avec Yuck et on espère vraiment qu’ils trouveront une véritable direction pour le futur car malgré tout cela, ils ont un sacré potentiel.

Note: 5.5/10