Avec ses deux premiers albums No Time For Dreaming en 2011 et Victim Of Love en 2013, Charles Bradley est devenu la référence soul old-school du label Daptone Records aux côtés de ses camarades de label tout aussi vétérans comme Lee Fields ou encore Sharon Jones. Cette année, le sosie de James Brown en est à son troisième album intitulé Changes car oui, l’heure est au changement.
Le changement, c’est maintenant (et pour de vrai) avec Charles Bradley. Le soulman de Brooklyn de 62 ans à la mine tristounette décide d’employer les grands moyens. Sur ses deux premiers albums, il était accompagné du gang The Menahan Street Band mais ici, il fait intervenir The Budos Band ainsi que The Extraordinaries pour montrer sa versatilité. Mais surtout, il revendique haut et fort son identité en faisant preuve de maturité, de spiritualité et de sagesse. Dès lors sur l’introduction « God Bless America », il débute par un discours prenant des airs d’allocution présidentielle avant de finir sur les chœurs qui chantent avec lui « God bless America » montrant à quel point il est attaché à son pays malgré ce qu’il a subi ainsi que les dernières bavures policières causées par la communauté afro-américaine. La suite est du même acabit en appelant à la paix et à l’amour dans le monde sur les entêtants « Good To Be Back Home », « Ain’t Gonna Give It Up » et « Change For The World ».
La voix puissante et déchirante de Charles Bradley fait toujours son effet notamment sur les magnifiques chansons d’amour que sont les slows « Nobody But You », « Things We Do For Love » ou encore « Crazy For Your Love ». En gros: que du love et on en a bien besoin dans ce monde de brutes. Les groupes (The Budos Band et The Extraordinaries) qui accompagnent le soulman font le travail de manière impeccables, surtout les cuivres et les notes de guitare qui subliment parfaitement la voix du soulman comme sur le funky et endiablé « Ain’t It A Sin » où l’esprit de James Brown flotte dans les airs. Si il y a un second titre indispensable à relever sur Changes, c’est le titre éponyme himself qui est une reprise du groupe Black Sabbath. Mais Charles Bradley et ses sbires subliment et en font une reprise totalement exceptionnelle, exactement comme « Stay Away », la reprise de Nirvana en 2011 (où il a notamment refusé de placer le « God is gay » à la fin mais je le comprends).
A travers ce troisième album qu’est Changes, Charles Bradley nous rappelle ce message que malgré tous les problèmes de la vie, seul l’amour vaincra. Ça peut sembler cucul mais la façon dont il le transmet est d’une façon saisissante et authentique. Sublimé par les arrangements soulful et résolument vintage (merci la magie Daptone), ce troisième album concentré d’amour et d’air frais saura vous enchanter. Charles Bradley for President !
Note: 8.5/10