Gonjasufi s’est fait très discret depuis son mini-opus MU.ZZ.LE en 2012. L’auteur (Sumach Ecks de son vrai nom) de son désormais classique A Sufi And A Killer s’est retiré de la scène musicale sans qu’on aperçoive avant de revenir en ce mois d’août avec un troisième opus du nom de Callus décidément barge et oppressant.
Composé de 19 titres, le chaman californien a enregistré cet album entre Las Vegas et le fameux Joshua Tree. Et autant vous dire que l’on a affaire à un sacré bad-trip musical. Du désespoir et du malsain en ressort de ce Callus désorienté, cathartique et étrangement bordélique, comme en témoigne les titres crades comme « Your Maker » résolument dub, « Ole Man Sufferah » ou encore « Krishna Punk » où l’artiste dépeint un monde en noir et blanc en une grande prison aérienne où l’humanité est aliénée et souillée à tout jamais à cause de la situation géopolitique actuelle.
Paranoïaque le Gonjasufi ? Totalement ! Et ça s’entend par ses paroles comme sur « Your Maker » où il se demande: « Is anyone tired from working on a slave ship ? » ou sur « The Kill » et autres « The Conspiracy » où il prouve que de multiples complots sont joués contre nous et lui en particulier. Ce désespoir est accentué par son chant urgent et désordonné avec ses effets de mégaphone sans oublier de nombreux reverb et distorsions faisant de Callus une oeuvre cathartique. Allant des expériementations rock sludge (« Maniac Depressant »), du rock industriel (« Afrikan Spaceship »), du hip-hop (« Prints Of Sin »), du doom metal (« The Jinx ») et même du disco sur le décalé « Vinaigrette » en passant par de l’électro pure et dure, le Californien accompagné de Pearl Thompson (ex-guitariste de The Cure) sur quelques morceaux n’épargne aucun style musical.
Ce qui est sur, c’est que Callus ne sera pas au goût de tout le monde à cause de son atmosphère oppressante et inaccessible du début à la fin mais c’est ce qui permet de voir ce que Gonjasufi a pu voir durant ces quatre années de silence radio: l’enfer et le désespoir. Et ce bad-trip est à se repasser une multitude de fois pour bien palper l’ambiance et l’univers incompris de l’artiste.
Note: 7.5/10