Avec leurs désormais classiques Attack On Memory en 2012 et Here And Nowhere Else en 2014, Cloud Nothings est devenu la référence en matière d’indie rock noisy à l’américaine. Dylan Baldi et ses compères ont même sorti un album collaboratif avec leurs cousins californiens Wavves en juillet 2015 paru pile poil pendant la vague de chaleur qui a eu lieu (chroniqué ici). Après tout ce succès, on pouvait imaginer deux options pour le prochain album: soit rester dans la lignée et être encore plus bourrin que d’habitude, soit modérer ses propos pour gagner plus de nouveaux fans. A vous de savoir maintenant quelles options le groupe d’Ohio a choisi pour Life Without Sound.
Avec l’arrivée d’un nouveau guitariste du nom de… ahem… Chris Brown et d’un nouveau producteur John Goodmanson qui remplace un autre John (Congleton pour Here And Nowhere Else), tout laisse à penser que Cloud Nothings a décidé de s’assagir une bonne fois pour toutes. Car comme l’indique Dylan Baldi, Life Without Sound est sa « version de la musique new age. Il est censé être inspirant ». En d’autres termes, une musique plus pop et plus sensible qu’à l’accoutumée avec l’arrivée d’un piano (???) sur le titre d’ouverture « Up To The Surface » mais qui monte en puissance avec l’arrivée des grosses distorsions de guitare. Plus loin, on retrouve les échos radio-friendly du single « Modern Act » épuré et soi-disant émotionnel, tout comme le sentimental « Enter Entirely » qui le précède et qui auraient pu faire office de bande-son de série US pour ados prépubères.
Mais calmez-vous, Cloud Nothings n’a pas oublié son gros son qui a fait sa réputation. C’est vrai, on continuera à pogoter avec les brûlots power pop de « Things Are Right With You », « Internal World » ou encore le punk lo-fi rageur à l’ancienne de « Darkened Rings » où Dylan Baldi a arrêté le larsen et les hurlements rauques pour un chant plus clair et éloquent qu’avant. La fin de l’opus a de quoi réconcilier ceux qui ont fait tourner les précédents albums avec les deux derniers titres bien furieux que sont « Strange Year » aux influences Nirvana et ses notes de piano glaçantes sur la fin ainsi que la conclusion quasi-post-hardcore qu’est « Realize My Fate » où la basse de TJ Duke fait des ravages tandis que les riffs noisy s’en donnent à cœur joie et Dylan Baldi hurle à nouveau comme un dingue comme auparavant et bien sûr, ça fait du bien.
Alors qu’on s’attendait à une transition bien plus costaude avec son prédécesseur, c’est au fait tout le contraire qui se produit avec Life Without Sound. La seule différence par rapport à ses grands frères, hormis le fait qu’il soit le plus mélodique et le plus pop, c’est aussi leur opus le plus équilibré de tous même si le rendu est trop propre pour être honnête. C’est surtout l’une des rares fois où l’on entend le groupe d’Ohio plus sensible qu’à l’accoutumée.
Note: 8/10