Grandaddy – Last Place

La dernière fois que le légendaire groupe Grandaddy a sorti un album, ça datait de 2006 avec Just Like The Fambly Cat qui n’a pas vraiment fait l’unanimité à l’époque. Plus de 11 putains d’années, quand même ! C’était l’époque où tout le monde était scandalisé par le coup de boule de Zizou, Chirac était encore président de la République et on se tapait des Kamini et autres Fatal Bazooka, etc. Et à cette époque, le groupe de Mosanto a tiré sa révérence laissant les grands fans orphelins et tristes. Mais rassurez-vous, Jason Lytle, la tête pensante du groupe, s’est lancé dans une carrière solo et a publié deux beaux albums avant de produire pour les autres, notamment le dernier album de Band of Horses (chroniqué ici) et en a profité pour rendre à son pote Elliott Smith de temps à autre. Et TA-DAM, le groupe se reforme, reprend du poil de la bête et sort leur cinquième opus Last Place, attendu comme le Messie.

Signé sur 30th Century Records, le label de Danger Mouse, les Californiens reprennent là où ils se sont arrêtés en chemin avec Just Like The Fambly Cat. Et avec surprise, le premier titre enjoué de « Way We Won’t » avec son excellent riff fuzzy et ses synthés en cascade prouve qu’ils n’ont rien perdu de leur énergie durant tout ce temps. C’est peut-être pas la qualité d’un « He’s Simple, He’s Dumb, He’s The Pilot » mais on est quand même content de les retrouver. Il en est de même avec les « Brush With The Wild » et « Evermore » avec toujours ce crossover entre indie rock et sonorités électro-spatiales qui ont longtemps fait leur renommée. Rien de neuf sous le soleil ? Et alors ?

Passée l’interlude instrumental vaporeux de « Oh She Deleter :(« , Grandaddy en rajoute une couche avec les solaires « The Boat Is In The Barn », « I Don’t Wanna Live Here Anymore » (où il nous confirme avoir déménagé et s’être installé à Portland) et « That’s What You Get For Gettin’ Outta Bed » qui contrastent avec le rock délirant de « Chek Injin » qui ne dure que 2 minutes. Soudain, la voix de Jason Lytle se fait plus bouleversante, tout comme son songwriting qui tourne toujours autour de la nouvelle technologie au milieu de notre société et des robots, comme sur les magnifiques enchaînements que sont « This Is The Part » et « Jed the 4th » qui est le sequel parfait de « Jed The Humanoid » de 2000. Préparez vos mouchoirs car les orchestrations lumineuses et ambitieuses vous mettront la larme à l’œil. Quoi que « A Lost Machine » est sans conteste le chef-d’oeuvre de Last Place où pendant 6 minutes, les Californiens nous épatent par leur instrumentation mélancolique et étoffée qui prend de l’ampleur au fur et à mesure. L’ascension émotionnelle est à son paroxysme et si le disque s’arrêtait là, on aurait crié au génie. Sauf que le dernier morceau dépouillé « Songbird Son » à la guitare acoustique et quelques notes de claviers qui résonnent au loin viendra réellement sonner le glas de ce cinquième opus.

Avec ce comeback fracassant, Grandaddy fera taire les sceptiques qui pensaient qu’ils n’étaient plus capables de pas grand chose après 11 années d’absence. Même si il ne se mettra pas au niveau de leurs chefs-d’oeuvre Under The Western Freeway et The Sophtware Slump, Last Place est un disque dans la continuité de la discographie des Californiens, un peu comme si ils ne s’étaient jamais séparés. Inventif, sobre, poignant et poétique, ce cinquième opus ne laissera personne indifférent.

Note: 8.5/10