Slow Joe & The Ginger Accident – Let Me Be Gone

Il y a des histoires pour lesquelles on a fini par s’attacher aux personnages principaux, à un tel point qu’ils feraient partie de notre quotidien. C’est un peu le cas pour le crooner indien Joseph Manuel Rocha alias Slow Joe qui a fini par nous bouleverser par sa voix profonde et ses compositions riches concoctées par son backing band The Ginger Accident, mené de main maître par le musicien lyonnais Cédric de la Chapelle. Lui et le groupe auront réalisé deux albums Sunny Side Up en 2011 et Lost For Love en 2014. Malheureusement, le crooner est décédé en mai dernier et pour nous consoler, il nous a offert un cadeau d’adieu qui est son troisième et posthume album intitulé Let Me Be Gone finalisé tout juste avant sa mort.

Après une introduction a capella parfaitement sobre intitulé « Tambde Roza » chanté dans la langue de Goa, Slow Joe & The Ginger Accident nous emmènent dans les atmosphères pour le moins sombres avec « Swing Your Love » ou la solennelle « Temple, Mosque, Church ». Le blues-rock psychédélique du regretté chanteur et du groupe font mouche et n’hésitent pas à nous en faire voir de toutes les couleurs comme le swing de « My Sway », l’électro-rock oriental de « Black Moon » et les rutilants « God Damn The Pusherman » et « She Makes Love Like Crazy ». Mentionnons également la ballade psyché de « Candy Sparkles » avec son joli clin d’œil au « Dharmatma Theme Music » joué à la flûte et son dernier coup final pour le moins poignant « Silent Waves » pour nous faire comprendre qu’il était un artiste complet.

On serait tenté de comparer ce disque posthume à « You Want It Darker » de Leonard Cohen car Slow Joe nous adresse ses derniers adieux avec sa voix grave crépusculaire presque venue d’Outre-Tombe de façon classe, à la hauteur de son personnage, tout en se permettant des petites introspections sur ses origines indiennes. Un parfait chant du cygne en somme.