Real Estate – In Mind

Il aura fallu une discographie en béton pour que l’on puisse enfin prendre Real Estate comme un des meilleurs groupes indie rock américains. Ce qui a fait leur succès, c’est tout simplement leur jangle-pop aérienne, mélodique et toujours accrocheuse, la preuve avec leur dernier chef-d’œuvre en date nommé Atlas en 2014. Souvent imité mais jamais égalé, le groupe de New Jersey trouvera encore plus de plaisir dans leurs side-projects respectifs: le guitariste Matt Mondanile pour Ducktails ainsi que les carrières solo de Martin Courtney et Alex Bleeker en 2015. Cette année, ils font enfin leur grand retour mais sans leur guitariste fétiche Matt Mondanile (qui a préféré se focaliser à 100 % sur Ducktails et qui est remplacé par leur compagnon de tournée Julian Lynch) avec un nouvel album intitulé In Mind digne de leurs précédentes œuvres.

Est-ce qu’un album de Real Estate sans son membre du groupe important reste toujours un album de Real Estate ? Evitons d’aller par quatre chemins: oui. On retrouve leur jangle-pop qui leur va comme un gant à l’image du succulent « Darling » aux accords de guitare limpides, sa section rythmique nonchalante ainsi que ses nappes synthétiques bien futuristes. On retrouvera d’autres compositions estivales et sereines comme « Stained Glass » contenant ses notes de clavecin réminiscents du dernier album de Ducktails, « White Light », « Same Sun » et « Holding Pattern » entre autres où la voix de Martin Courtney ne cesse jamais de s’envoûter. Une fois de plus, on ne pourra pas leur blâmer de ne pas connaître son affaire, ce serait trop facile sinon.

In Mind regroupe aussi d’autres trouvailles plus osées, à l’image de « Serve The Song » où ils insèrent la pédale Wah-Wah, la ballade douce et rêveuse « After The Moon » ou encore le sommet de l’opus qui est « Two Arrows » qui s’achève trop brusquement malgré son crescendo frissonnant avec son riff fuzzy et une batterie qui s’emballe. Real Estate n’a pas froid aux yeux, c’est certain et est mieux quand il connaît très bien son affaire. Non fier de ses prouesses vocales de son dernier album solo et sur Atlas (il a chanté sur le titre « How I Live »), Alex Bleeker retente sa chance avec le très marquant « Diamond Eyes » qui est plus terre-à-terre que son acolyte. Et bien sur, il fallait bien une conclusion à la hauteur et c’est avec le somptueux « Saturday » avec sa parfaite introduction pianistique qui est à coup sur parmi les meilleures intros du groupe.

C’est donc pas compliqué: Real Estate fait du Real Estate sans que personne ne se plaigne, et c’est pour ça qu’on les adore toujours autant. In Mind n’est pas une exception à la règle et permet de confirmer tout le talent de Julian Lynch à la guitare, même si la patte de Matt Mondanile nous manque énormément (pour ça que je le trouve un petit peu en-dessous d’Atlas selon moi). Il n’empêche que ce nouvel album fera parti de notre bande son pour ce printemps et cet été où l’on continuera à rêver et à être bercés par ses mélodies insouciantes et nostalgiques.

Note: 9/10