En 2015, Alex G a fait parler de lui avec son album chez le label Domino nommé Beach Music (chroniqué ici). Le jeune musicien de Philadelphie qui fut biberonné aux disques de Pavement, Elliott Smith et autres Dinosaur Jr. a vu sa réputation dépasser l’étape de Bandcamp, à un tel point que Frank Ocean lui-même lui demande de jouer de la guitare sur ses albums Endless (visuel) et Blond(e) l’an dernier. Désormais, celui que l’on baptise (Sandy) Alex G est passé de songwriter secret de l’Internet au nouveau sauveur de l’indie rock américain (désolé Will Toledo…) et nous le prouve avec son nouvel album Rocket où il présente un large éventail d’influences musicales.
Alex Giannascoli nous montre sur ce nouvel album qu’il ne se cantonne pas qu’à de l’indie rock lo-fi à consonances 90’s (excepté sur les morceaux « Judge » et « Big Fish ») mais au-delà de tout ça. On retrouves des influences plus Americana/alternative country sur les délicieux « Poison Root » où les notes de guitare acoustique et de banjo s’accordent avec un violon strident, les rythmes guillerets de « Proud » ainsi que « Bobby » où il partage le micro avec Emily Yacina. (Sandy) Alex G sort des sentiers battus et ira piocher du côté du jazz avec le langoureux « County » où il impressionne avec son falsetto ainsi que sur la conclusion savoureuse nommée « Guilty » avec un saxophone chaleureux, ce qui prouve qu’il a plus d’un tour dans sa poche.
Mais attention, Rocket ne regorge que de surprises et le musicien de Philadelphie est capable de ne pas faire dans la dentelle quand ça le dérange. Prenez par exemple l’ultra-agressif et claustrophobe « Brick » où on a l’impression qu’un rappeur, disons Lil Ugly Mane, aurait deversé toute sa rage et son angoisse sur une composition industrielle et noisy que des groupes comme Prodigy l’aurait composé avec une surdose de Xanax. Ou encore l’instrumental bien étrange et décalé de « Horse » où les notes de piano et autres sonorités électroniques se rassemblent pour donner quelque chose de dissonant. A l’inverse, on retrouve des pièces plus harmonieuses comme la ballade au piano aux sonorités R&B de « Sportstar » où il aura recours à l’Auto-Tune (l’influence de Frank Ocean y est surement pour quelque chose) ainsi que les plages acoustiques de « Powerful Man » et « Alina » faisant intervenir les cordes pour plus de douceur.
Entre ses disques parus sur Bandcamp dont le fameux DSU, Beach Music et son nouvel opus Rocket, nul ne doute que (Sandy) Alex G est devenu un musicien hors normes et sur de lui n’ayant pas peur d’explorer d’autres horizons tout en restant fidèle à ses origines. Le jeune natif de Philadelphie ira chercher du côté de la country, du jazz, du R&B et de la noise-rock afin de bâtir un univers plus solide et plus attachant qu’il ne l’est déjà.
Note: 9.5/10