EMA – Exile In The Outer Ring

Depuis ses débuts aux côtés du trio noise-folk Gowns, EMA a connu une carrière exemplaire. Suite à cette aventure musicale qui n’a pas fait long feu, Erika M. Anderson a connu la consécration avec son excellent premier album Past Life Martyred Saints en 2011 suivi du très bon The Future’s Void trois ans plus tard. Après avoir publié une bande-originale l’année suivante, elle fait son grand retour sur le label City Slang avec son troisième opus Exile In The Outer Ring. Et l’heure n’est toujours pas à la fête, bien au contraire.

L’artiste originaire de South Dakota a toujours un message à faire passer et autant vous dire qu’elle n’est pas très contente ici. Exile In The Outer Ring est sans conteste son disque le plus politique car elle analyse le fait à quel point la politique peut aliéner les citoyens, surtout avec le contexte que nous connaissons tous. Le décor est maussade surtout avec l’introduction aérienne et mélancolique de « 7 Years » où la voix fragile d’EMA se fait bien entendre comme il se doit avant que les sonorités plus expérimentales et anxiogènes reviennent à la charge avec les nihilistes « Breathalyzer » au son de drone inquiétant, « I Wanna Destroy » où elle se met dans la peau d’un suprémaciste blanc afin de mieux le déshumaniser (« We got no meaning, no gleaming, no proof/We’re arbitrary, we’re temporary, we are the kids from the void ») ainsi que « Blood and Chalk » avec sa guitare saturée.

Alternant légères accalmies (« Down and Out », « Receive Love ») et folies bruitistes (« Fire Water Air LSD », « Aryan Nation », « 33 Nihilistic and Female » rappelant Marilyn Manson dans sa période rock industriel), EMA cible parfaitement nos traumas collectifs. Et il faudra attendre la conclusion inquiétante en spoken-word nommée « Where The Darkness Began » pour enfin saisir cette sensation de désolation se muant peu à peu à la violence que l’on transmet à autrui afin de cacher ses blessures intérieures et autres vulnérabilités. En soi, Exile In The Outer Ring est une oeuvre intelligente et cathartique où Erika M. Anderson apporte une dimension intelligente sur nos maux à travers des morceaux turbulents et chaotiques

Note: 8.5/10