Healy – Subluxe

Un petit tube et puis s’en va. J’ai entendu parler d’Healy fin août-début septembre 2015 avec son tube plutôt entêtant et mignon intitulé « $150/ Roll Widdit » à mi-chemin entre indie pop, R&B et incursions trap plutôt discrètes qui a été streamé des millions de fois. Et suite à cela, plus rien. Silence radio. Jusqu’à ce mois de juin 2017 où le natif de Memphis revient comme une fleur avec un tout premier album nommé Subluxe qui est surement une de mes sorties R&B préférées de cette année.

Tout débute par des accords de guitare électrique soutenus par des bruitages d’iPhone sur l’instrumental « Everything » avant qu’une voix n’intervienne: « Everything has melody, that’s the crazy thing/Everything has tone if it has energy ». Et c’est là que déboule les morceaux R&B savoureux que sont « Reckless » avec son sample de voix resplendissant et sa guitare entêtante et le piano mélancolique de « Build » qui ont de quoi réchauffer les chaumières, d’autant plus que la voix de Healy a de quoi faire penser à notre Prendy national. Et pourtant, Subluxe se veut tout de même introspectif et nostalgique tant le bonhomme de Midtown ressasse ses souvenirs d’enfance, raconte sa ville natale ou se remémore ses relations heureuses ou malheureuses qui ont forgé son caractère.

Voulant faire le grand écart entre bedroom-pop et neo soul, Healy arrive à concilier les deux univers et n’hésite pas à inviter ses proches à venir le joindre dans son univers, à savoir son ami et beatmaker PLC avec sa voix légèrement auto-tunée sur « Slalom » ainsi que le rappeur inconnu Trapo sur « Dem My Dogs » qui est un peu le seul moment d’agressivité de cet opus. Notre hôte, quant à lui, impressionne en maîtrisant le chant plutôt nonchalant sur « Butternut » et les accents trap’n’B de « Chaparral » mais aussi en rappant quelque peu sur le plus enlevé « No Vacation / Outside » contenant une seconde partie plus groovy avec sa flûte enivrante et son Fender Rhodes vaporeux. Il ne manque que deux sérénades aériennes que sont « Python » et « Unwind » pour clôturer cette cérémonie riche en nostalgie.

Même si Subluxe passera inaperçu (et quelle honte, ceci dit en passant), ceci permet de témoigner de l’incroyable maturité de son auteur qui joue la carte de l’introspection à 100 % afin de redéfinir qui il est vraiment et à travers des questions existentielles (voir « Looks Like God »). Bref, voilà de la bedroom-soul qui réchauffera les chaumières pour cette fin d’année.

Note: 9/10

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