Brisa Roché – Father

Avec une carrière plus que riche et plus que remplie, il est désormais difficile de ranger Brisa Roché dans une réelle case. De ses débuts jazz avec ses premiers albums parus sur Blue Note, la chanteuse la plus française des américaines a élargi son champ musical allant de la folk à la pop en passant par le reggae et le disco. Deux ans après le fascinant et rythmé Invisible1 (chroniqué ici), elle fait son retour avec un nouveau disque intitulé Father.

Finies les ambiances festives et colorées de son prédécesseur, Brisa Roché a choisi d’opter pour une ambiance plus posée et intimiste avec cet album pour le moins introspectif et vulnérable. Elle troque les sonorités rythmées pour des influences folk minimalistes et ce passage ne choque pas pour autant avec des morceaux reposants et légèrement mélancoliques comme « Fuck My Love », « Cypress » et « Engine Off » entre autres. L’interprétation riche en émotions de la californienne nous refile des frissons tant elle se confie sur son père et sa relation compliquée qu’elle a entretenu avec lui tout au long de ce disque clair-obscur avec des orchestrations dépouillées sur « Can’t Control », « Before I’m Gone » et « Holy Madness ».

Et pour ce faire, elle a engagé le légendaire producteur John Parrish (Tracy Chapman, PJ Harvey, Eels…) pour asseoir une certaine intimité avec son auditeur tandis qu’on se laisse bercer par les influences folk minimalistes et cotonneuses dignes de Neil Young avec « Blue Night » et les envolées lyriques de « Black Mane » qui ont de quoi nous laisser ébahis. A travers ces morceaux introspectifs et rêveurs, Father se clôt sur une conclusion pour la moins étrange du nom de « Trout Fishing Again » où l’on entend un long monologue d’un homme (serait-ce le père de Brisa Roché dont elle nous parle tant ?). A l’inverse de son prédécesseur, la chanteuse ouvre grand son journal intime et nous invite à plonger dedans où l’on arrive à mieux déceler la psychologie de l’artiste.

Note: 7.5/10