Mitski – Be The Cowboy

Il aura fallu de deux albums que sont Bury Me At Makeout Creek en 2014 et Puberty 2 en 2016 (chroniqué ici) pour que Mitski accède au club très fermé des meilleurs actes féminins de la scène indie américaine du moment. La musicienne new-yorkaise d’origine japonaise s’est définitivement débarrassée de l’esthétique lo-fi qui lui collait tant à la peau et continue à évoluer avec son cinquième opus intitulé Be The Cowboy.

Toujours avec l’aide de Patrick Hyland aux manettes, Mitski continue d’élargir son éventail d’influences sur Be The Cowboy. On l’avait entendu sur son prédécesseur qu’elle pouvait aller de la folk à l’indie rock revival en passant par les défouloirs punk criant ses angoisses de vieillir entre autres. Ici, elle va entamer un changement drastique comme Angel Olsen quand elle est passée de Burn Your Fire With No Witness à Woman mais en multipliant les champs du possible cependant. Après une introduction des plus théâtrales nommée « Geyser » où les grosses distorsions de guitare font place aux synthés et aux cordes dramatiques, Mitski nous offre quatorze morceaux courts mais audacieux où elle met en scène avec sa plume aiguisée ses différentes humeurs et émotions.

Ainsi, on la voit arpenter des chemins synth-pop sur « Why Didn’t You Stop Me ? », « Old Friend » et « Washing Machine Heart » ou d’autres plus disco comme le dansant « Nobody » montrant le sens de l’humour de la mamzelle sans oublier pour autant ses origines indie rock efficaces avec « A Pearl », l’excellent riff fuzzy de « Remember My Name » et « Blue Light ». l’ombre d’Angel Olsen ou même de PJ Harvey n’est pas non plus lointain sur le très réussi « Lonesome Love ». Chaque morceau retranscrit donc les différentes humeurs de son auteur tantôt joueuse pour ne pas dire sardonique tantôt séductrice voire femme fatale (la lancinante valse psychédélique « Come Into The Water ») ou même bouleversante (« Pink In The Night », « A Horse Named Cold Air »).

Après une touchante conclusion du nom de « Two Slow Dancers », Mitski a réussi le pari bien risqué de mettre en scène ces différentes émotions à travers un melting-pot musical et poppy des plus savoureux sur ce Be The Cowboy. A l’heure où on pensait que Puberty 2 était son apogée, ce cinquième album mettra la barre plus haute grâce à la justesse des compositions mais aussi avec les textes peaufinés de la new-yorkaise qui sont mises en valeur avec l’interprétation magistrale qui va avec. Un must de cette année à coup sur !

Note: 10/10