Kurt Vile – Bottle It In

Depuis le début de cette décennie et depuis qu’il a quitté ses fidèles The War On Drugs, Kurt Vile s’est imposé comme étant un acte majeur de la scène indie rock américaine. Avec ses désormais chefs-d’oeuvre que sont Smoke Ring For My Halo en 2011, Wakin On A Pretty Daze deux ans plus tard et b’lieve i’m goin’ down (chroniqué ici), le natif de Philadelphie n’a plus rien à prouver. Après nous avoir délivré un album collaboratif avec l’australienne Courtney Barnett (chroniqué ici), il revient aux racines avec son nouvel album Bottle It In.

Après avoir atteint des sommets, il était temps pour Kurt Vile de reprendre les devants avec Bottle It In. Et voilà qu’il nous délivre un disque audacieux inspiré par la fuite et les voyages incessants de la vie de tournée où des morceaux folk-rock significatifs donnent le ton comme l’introduction racée « Loading Zones » mais aussi « Yeah Bones » et l’ensoleillé « One Trick Ponies » avec ses chœurs chaleureux. Armé de sa fidèle guitare Fender et d’un line-up toujours aussi alléchant comme Rob Schnapf, Peter Katis, Shawn Everett et Rob Laakso qui se partagent la production mais également Kim Gordon, Cass McCombs et Stella Mozgawa, le musicien continue à baigner dans des ambiances partagées entre indie folk, Americana, rock psychédélique et country mais avec un soupçon lo-fi plus prononcé qu’auparavant notamment sur sa version de « Rollin’ With The Flow » de T.G. Sheppard.

La voix toujours aussi flegmatique mais rêveuse de Kurt Vile est un des éléments-clés de Bottle It In tout comme son songwriting impactant qui résonne sur des titres bien longs mais audacieux. Il en résulte ainsi « Bassackwards » épique et vaporeuse qui pourrait devenir un de ses futurs grands standards ou encore le grandiose « Check Baby » et le morceau-titre hypnotique incorporant des arrangements à la harpe signés Mary Lattimore sans oublier son crescendo rock bien vibrant. Le musicien possède toujours un regard vers l’horizon et est armé de questionnements existentiels notamment sur « Mutinies », « Come Again » et sur « Cold Was The Wind » qui nous hypnotisent et nous égarent parfois.

Avec quelques moments d’errance tout au long de ce Bottle It In qui vaut à 79 minutes de musique (!), Kurt Vile n’a pas réussi à se surpasser sur ce huitième opus qui fait suite à ses estampillés classiques. Cela n’empêche pas pour lui de garder son flegme légendaire et son envie de transporter son auditeur très loin avec des arrangements captivants et denses.

Note: 7.5/10