Manudigital – Bass Attack

Depuis quelques années, la scène reggae digital monte en puissance grâce à des actes comme Atili Bandalero ou encore Manudigital. Ce dernier est sorti du lot avec ses productions percutantes et créatives qui ont donné naissance à un premier album intitulé Digital Pixel paru en 2016 (chroniqué ici). Le producteur attitré de Biga* Ranx et de SOOM T revient en puissance avec son successeur intitulé Bass Attack.

Comme sur son prédécesseur, Manudigital multiplie son carnet d’adresses où l’on retrouve des vedettes jamaïcaines et locales (mais toujours pas de Pupajim, Biga* Ranx ou Prendy à l’horizon, motherfuck…). C’est General Degree qui ouvre le bal de ce Bass Attack avec le fumeux « Ruff It Up » avec ses basses puissantes et on le retrouvera plus tard avec « Bad » on ne peut plus dancehall et tuff. Une fois de plus, le producteur ira pousser les limites du dub, du reggae digital et de la bass music en incorporant de nouvelles sonorités beaucoup plus puissantes dont le riddim lourd et appuyé de « Bye Bye Boom Boom » conviant Red Fox, les intonations ragga de « Nah Fight » avec Mesh M18 ainsi que Taiwan MC qui a l’air d’être heureux comme un poisson dans l’eau sur « Reach The Sky ».

Pas mal de surprises sont à prévoir tout au long de ce second opus comme la voix de canard de Skarra Mucci qui s’enjaille sur « Rock This World », ou l’intrépide SOOM T qui pose son flow de l’espace sur l’inquiétant « Dem A Poison » lorgnant vers le dubstep et sonorités emrpuntés d’un jeu vidéo (des sonorités que l’on retrouve aussi sur les breakbeats frénétiques de « Winner » avec Derrick Parker et Lt. Stitche) et Panda Dub qui vient lui prêter main forte en imposant son style original du sombre « My Story » avec Royal. Pour le reste, on a affaire à des riddims rub-a-dub beaucoup plus classiques avec Cali P qui pompe reprend le flow de « Bleu Blanc Rouge » de Raggasonic ou encore Solo Banton sur « Herb Inna Mi Pocket » et le plus dansant « Strictly That Style » avec Dapatch.

A travers ces instruments que l’on voit sur la pochette (pédales d’effet, boîtes à rythme, synthés MT40…), Manudigital continue à se réinventer en allant puiser vers d’autres styles comme la jungle placée en toute fin d’album avec « Time Bomb » conviant Junior Morgan, Sherkhan et Ed Solo. Si il s’agit de sa future réorientation musicale, espérons qu’il ne tombera pas dans le même piège auquel les Dub Pistols sont tombés quelques années plus tôt et sont ressortis délavés. Mais pour le reste, Bass Attack n’aura peut-être pas le même impact que Digital Pixel mais est tout simplement taillé pour le live en raison de ses riddims plus incisifs et insolents qu’à l’accoutumée.

Note: 7/10